FRANCE L'année politique 2002
Les tentatives de refondation du Parti socialiste
À gauche, la défaite a laissé des traces. Le Parti communiste s'interroge sur son avenir à moyen terme, son président, Robert Hue, battu dans le Val-d'Oise, ayant annoncé son intention de renoncer à ses fonctions lors du XXXIIe Congrès d'avril 2003. Les Verts, lors du congrès du 15 décembre 2002 tenu à Nantes, étalent leurs divisions et ne parviennent pas à trouver un successeur à leur secrétaire nationale, Dominique Voynet, elle aussi battue, dans le Jura, et qui a elle aussi décidé de s'éloigner de l'action politique. Quant au Parti socialiste, il n'a pas digéré sa défaite et ses dirigeants apportent des réponses hétérogènes sur les conséquences à en tirer. S'il connaît une vague d'adhésions depuis le 21 avril, 2002 ne lui apporte pas de ligne claire, ni de stratégie affichée.
Sur le plan doctrinal, certains, autour du « Nouveau Monde » de Henri Emmanuelli et Jean-Pierre Mélenchon, préconisent un gauchissement qui puise pour partie dans le fonds de l'extrême gauche et des mouvements antimondialisation. D'autres, autour du « Nouveau Parti socialiste » de Julien Dray, Arnaud Montebourg, Christian Paul et Vincent Peillon, allient une volonté de fonder une nouvelle République, une identité plus socialiste que sociale-démocrate et une certaine réticence devant l'élargissement de l'Europe. Sans former à proprement parler une tendance, en raison de querelles de personnes, le numéro deux du P.S., Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Jean-Marie Bockel défendent une voie plus réformiste et sociale-démocrate, mettant en garde contre une rupture avec les acquis de la modernité, mais, pour les deux premiers, sans reprendre à leur compte le concept de libéralisme ou l'inspiration du New Labour de Tony Blair. Enfin, le premier secrétaire, François Hollande, tente de trouver un équilibre et la voie d'une synthèse à vocation majoritaire, quitte à s'attirer les critiques de ceux qui réclament une ligne plus tranchée et un inventaire critique du bilan, y compris sur les 35 heures, la fonction publique et la sécurité.
Sur le plan stratégique, les clivages sont marqués entre ceux qui demandent la renonciation à toute forme d'alliance des partis de gauche, sur le modèle de la gauche plurielle, et la mise en place d'un grand parti social-démocrate pour faire pièce à l'U.M.P., et ceux qui souhaitent conserver des forces d'appoint, dans un contexte de progression des partis d'extrême gauche.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias