FRANCE L'année politique 2003
Une majorité conflictuelle
Cet affaiblissement du Premier ministre dans l'opinion ne pouvait qu'accroître les tendances centrifuges de la majorité. Au sein du gouvernement, Nicolas Sarkozy et François Fillon sont parfois présentés comme des rivaux possibles dans l'hypothèse d'un changement de Premier ministre. Le ministre de l'Intérieur, le plus populaire des hommes politiques après Bernard Kouchner dans les sondages, ne fait pas mystère de son ambition présidentielle ; outre son activisme dans ses fonctions ministérielles, il prend des positions publiques, notamment sur la discrimination positive et les institutions, qui conduisent à des répliques non seulement du président de l'U.M.P., Alain Juppé, mais aussi du chef de l'État, à qui certains prêtent l'intention de briguer un troisième mandat. Le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, donne également sa conception des choses, que ce soit sur la décentralisation, la laïcité ou la conduite du débat parlementaire.
Le « petit partenaire » de la majorité, l'U.D.F., se montre également critique envers le gouvernement et l'U.M.P. Souhaitant faire entendre une voix à la fois plus européenne, plus sociale et plus libérale, l'U.D.F. pourfend ce qu'elle analyse comme des incohérences de l'action gouvernementale et dénonce le monolithisme de l'U.M.P., allant jusqu'à s'abstenir lors du vote du projet de loi de finances. La formation que dirige François Bayrou n'hésite pas à mettre en cause le président de la République et se présente comme un recours pour les électeurs déçus de la majorité. Cette stratégie la conduit à présenter des listes distinctes aux élections régionales, sauf dans les régions où le Front national risque de rallier de nombreux suffrages (Provence - Alpes - Côte-d'Azur, Alsace, Rhône-Alpes). Quant à l'U.M.P., si les discordances en son sein paraissent limitées et ponctuelles (Alain Madelin et le groupe des réformateurs pour sa frange libérale, Nicolas Dupont-Aignan pour son aile souverainiste), elle se retrouve dans la position classique des partis de gouvernement, peu aptes à faire entendre une voix singulière. La création annoncée d'une fondation de l'U.M.P. laisse toutefois entrevoir une volonté de renforcer sa force de proposition.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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