FRANCE L'année politique 2004
Les leçons des européennes
Les élections européennes du 13 juin 2004 ne poursuivirent pas le mouvement de réduction des abstentions, celles-ci atteignant au contraire le taux de 57,2 p. 100, un record pour la Ve République (hors référendums sur la Nouvelle-Calédonie et le quinquennat). Le nouveau mode de scrutin, qui se déroule désormais dans le cadre de huit grandes circonscriptions, n'a pas incité les Français à se rendre plus nombreux aux urnes. Un sondage T.N.S. Sofres réalisé les 7 et 8 juin 2004 montrait ainsi que 64 p. 100 d'entre eux ne s'intéressaient pas à ces élections. En même temps, ces dernières confirmèrent la progression de la gauche (42,8 p. 100 hors l'extrême gauche qui, elle, poursuit son déclin) et, au sein de celle-ci, la prépondérance du P.S. (perte nette de sièges du P.C. et des Verts), la faiblesse relative de l'U.M.P., malgré un redressement par rapport au score du R.P.R. aux européennes de 1999, la légère progression de l'U.D.F., l'effritement du vote souverainiste et une amélioration ténue par rapport à 1999 du score du F.N., qui reste toutefois en deçà de ses résultats aux régionales et aux cantonales ainsi que du score enregistré par Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 2002.
La volonté de sanctionner le gouvernement est sensible dans toutes les études préélectorales et explique la tendance au « vote utile ». Selon le sondage précité, 60 p. 100 des Français souhaitaient que les électeurs profitent de ce scrutin pour montrer leur mécontentement – un taux inférieur toutefois de 10 p. 100 à celui qui avait été mesuré quelques jours avant les régionales. La campagne très à gauche du P.S., centrée sur le slogan « Et maintenant l'Europe sociale », a pu attirer des électeurs désorientés par une Europe assimilée au marché et à la mondialisation. Il reste que la composante négative du vote a vraisemblablement eu plus d'impact que l'adhésion à un programme précis.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias