FRANCE L'année politique 2005
Les rivalités au sein de la droite
Alors que le président de la République, âgé de soixante-treize ans, paraît à beaucoup affaibli, tant par les résultats du référendum et le sentiment donné d'une moindre réactivité aux événements que par l'accident de santé dont il a été victime le 2 septembre 2005, et qu'il semble désormais établi, malgré des vœux aux Français pour 2006 plus offensifs, qu'il ne briguera pas un troisième mandat, la compétition est désormais engagée à droite entre le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur. Ce dernier, président de l'U.M.P. sur laquelle il assoit son contrôle, suscite la polémique au sein même de son camp par l'expression de formules jugées souvent brutales – ainsi lorsqu'il affirme vouloir nettoyer certains quartiers au « Kärcher » et qualifie une partie de leur population de « racaille » –, par sa volonté de remettre en cause le « modèle social français » et par des critiques voilées envers les deux têtes de l'exécutif. Son concurrent, tout en adoptant une position ferme, notamment sur la sécurité lors de la crise des banlieues et le contrôle de l'immigration, privilégie une voie plus modérée et « gradualiste ». Si le bureau de l'U.M.P. a, contre l'avis des chiraquiens, avalisé la formule d'une désignation par les militants du candidat à la présidence de la République qui sera « soutenu » par le parti (« investi » ayant paru trop peu gaulliste), Dominique de Villepin compte sur son statut de dauphin et une image dans l'opinion moins limitée aux électeurs de droite que celle de son rival pour emporter l'adhésion.
Quant à l'U.D.F., présidée par François Bayrou, elle affirme de plus en plus son autonomie au sein de la majorité. Ayant refusé de participer au nouveau gouvernement, elle a exclu de son bureau politique le seul ministre U.D.F. de ce dernier, Gilles de Robien. Adoptant une position critique notamment sur la privatisation des sociétés d'autoroutes et le projet de loi de finances, la moitié des députés U.D.F. votèrent contre celui-ci, la majorité des sénateurs de ce parti ayant choisi l'abstention. Plaidant pour l'autonomie du centre, François Bayrou a décidé de consulter l'ensemble des adhérents de son parti, début 2006, sur la ligne générale à adopter.
Du côté de la droite souverainiste et extrême, Philippe de Villiers, qui est apparu comme l'un des vainqueurs à droite du référendum, cherche à gagner des voix du côté du Front national en reprenant certaines de ses thématiques. Profitant de l'affaiblissement apparent de son chef et des rivalités au sein du parti frontiste, notamment entre les tenants de Bruno Gollnisch et ceux de Marine Le Pen, il a déjà engrangé l'adhésion du maire d'Orange, Jacques Bompard, et de son épouse. Les événements de novembre 2005 dans les cités semblent avoir donné un regain de popularité aux thèmes développés par les partis situés à la droite de la droite classique.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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