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FRANCE L'année politique 2006

Année sans élections, 2006 fut tout entière marquée par la perspective de la présidentielle des 22 avril et 6 mai 2007. Année de tensions à gauche, où les plaies de la division lors du référendum du 29 mai 2005 ne s'étaient pas refermées, elle le fut aussi à droite, d'autant que le gouvernement a dû affronter des crises majeures. Elle vit aussi l'affirmation et la montée irrésistible des deux candidats principaux de la compétition à venir, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, qui ont tous deux éclipsé la concurrence au sein de leur propre camp. Cependant, si l'extrême gauche a paru empêtrée dans ses divisions, l'extrême droite reste à un niveau élevé et le président de l'U.D.F., François Bayrou, acquiert une visibilité croissante sur l'échiquier politique.

Un gouvernement affaibli

Jusqu'au début de l'année 2006, le Premier ministre Dominique de Villepin semblait avoir réussi son pari et pouvoir se présenter comme un concurrent possible de Nicolas Sarkozy à l'investiture de l'U.M.P. ; la crise du contrat première embauche (C.P.E.) et, plus accessoirement peut-être, l'affaire Clearstream lui ont ôté cette perspective. Les importantes manifestations que, pendant plus d'un mois, le C.P.E. a provoquées, le reproche fait au Premier ministre, jusque dans son propre camp, d'un manque de négociation préalable et d'une trop grande rigidité ont entraîné un revirement de l'opinion à son égard et un affaiblissement corrélatif du chef de l'État, dont par ailleurs la décision d'amnistier l'ancien ministre Guy Drut, fin mai, contestée par ses alliés les plus fidèles, devait susciter un certain émoi dans l'opinion. Plus encore, le fait que Nicolas Sarkozy et le groupe U.M.P. de l'Assemblée nationale aient été appelés en renfort pour résoudre la crise a miné l'image volontariste du Premier ministre. L'affaire Clearstream n'a fait qu'exacerber la rivalité personnelle entre les deux hommes, et, sur de nombreux sujets (discrimination positive, fusion entre Gaz de France [G.D.F.] et Suez, politique de l'immigration, carte scolaire, etc.), leur antagonisme a été porté sur la place publique.

Malgré un certain regain de confiance envers l'Élysée et Matignon à la faveur de la crise libanaise de l'été et une légère décrue du chômage due notamment à des raisons démographiques, la faiblesse de la croissance du pays par rapport à celle de ses voisins européens, le sentiment persistant dans de larges franges de l'opinion d'un certain « déclin » français, la difficulté de lancer des réformes ambitieuses avant l'élection présidentielle ont affaibli le poids politique du Premier ministre, parfois boudé par les parlementaires de l'U.M.P. S'il a réussi à continuer sa politique de changement tout au long de l'année (relance du dialogue social, interdiction du tabac dans les lieux publics, mesures en faveur des P.M.E.), la visibilité de son action paraît moins forte et certaines des réformes annoncées sont parfois jugées trop timides (justice, notamment). Quant à la fusion entre G.D.F. et Suez, une décision du Conseil constitutionnel a conduit à la reporter après l'élection présidentielle, ce qui la rend fort incertaine.

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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