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FRANCE L'année politique 2006

La droite entre hégémonie et division

Le président de la République, âgé de soixante-quatorze ans, a semblé, en 2006, avoir surmonté l'accident de santé qu'il avait connu à la fin de l'été de 2005 et il s'est montré très présent sur les dossiers internationaux ; pour autant, sa candidature à un troisième mandat paraissait douteuse à la plupart des analystes. Il a certes, notamment pour aider à la bonne gestion de la fin de son mandat, laissé planer le doute sur ses intentions, déclarant qu'il ne se prononcerait qu'en mars 2007, soit après la désignation du candidat de l'U.M.P., mais la candidature, officialisée en novembre 2006, du président de ce parti et ministre de l'Intérieur lui laissait une marge de manœuvre réduite. Ses derniers vœux aux Français, le 31 décembre 2006, montraient toutefois sa volonté de peser sur la campagne. La plupart des ministres du gouvernement Villepin ainsi que la très grande majorité des élus de l'U.M.P., y compris ceux qui étaient auparavant étiquetés comme « chiraquiens » ou « villepinistes », avaient d'ores et déjà rallié Nicolas Sarkozy à la fin de l'année.

Pour être incontestable, l'hégémonie de ce dernier était en elle-même critiquée et ne signifiait aucunement l'absence de divisions au sein du parti majoritaire. Certains déploraient ainsi l'absence de débats internes à l'intérieur du mouvement, à l'instar de ceux que le Parti socialiste a organisés, et une certaine tendance à la personnalisation du pouvoir. Beaucoup également accueillaient avec circonspection certaines prises de position du président de l'U.M.P. : une proximité jugée trop peu gaulliste avec les États-Unis, montrée notamment lors de sa visite en septembre à George W. Bush ; une attitude critique à l'égard de la magistrature ; des expressions jugées maladroites (« racaille », « Kärcher ») ; un penchant pour une vision « communautariste » de la société, alimentant l'idée d'une certaine remise en cause de la laïcité ; un discours très appuyé sur le thème de la « rupture » : de manière générale, une tendance à défendre excessivement les valeurs d'autorité en même temps qu'un libéralisme contraire aux traditions françaises. D'autres encore, toujours dans son propre camp, remettaient en cause son bilan en matière de lutte contre l'insécurité. Pour autant, ni le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (éventuel candidat sans l'étiquette U.M.P., il est vrai), ni la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, qui à la fin de décembre finit par renoncer à briguer les suffrages des militants, n'avaient semblé en 2006 posséder une chance raisonnable de l'emporter dans la compétition interne. Le chef de l'U.M.P. ne devait pas davantage avoir à se soucier de concurrents à droite, Christine Boutin (1,19 p. 100 en 2002) s'étant ralliée à lui et Alain Madelin (3,91 p. 100 en 2002) n'étant pas candidat. Malgré le désir de l'Élysée d'empêcher son ascension, Nicolas Sarkozy apparaissait, avant même de s'être déclaré, comme un candidat naturel, plébiscité depuis longtemps, selon les études d'opinion, par la très grande majorité des électeurs de droite. Le retour en France d'Alain Juppé, qui a vite regagné en octobre son siège de maire de Bordeaux, ne modifiait pas la situation.

C'est sur les craintes suscitées par Nicolas Sarkozy et la domination de son parti sur la droite que comptait le président de l'U.D.F. pour rassembler sur son nom un nombre plus important de suffrages qu'en 2002 (6,84 p. 100), espérant en même temps rallier des électeurs de la gauche modérée qui ne se reconnaissent pas en Ségolène Royal. François Bayrou poursuivait ainsi sa stratégie d'autonomie et de critique envers le gouvernement et l'U.M.P., affirmant[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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