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FRANCE L'année politique 2007

Marquée par deux élections successives, l'année 2007 aura été celle de la mise en place de l'équipe ministérielle dessinée par Nicolas Sarkozy et de ses premiers pas, après une campagne électorale placée sous le signe de l'attente de la nouveauté et d'une forme de « rupture » que les deux principaux candidats à l'Élysée revendiquaient avec la politique traditionnelle. Si la nouveauté majeure, en tout cas celle qui provoqua le plus grand effet de surprise, fut la constitution d'un gouvernement dit « d'ouverture », si le style de gouvernement fut également d'un genre jusque-là inconnu en France, les changements quant au fond des politiques suivies paraissent plus limités. En tout cas, la faiblesse d'une opposition divisée ne permet pas d'offrir la vision globale de ce que serait, au-delà des contestations ponctuelles, un choix politique radicalement différent.

Un gouvernement marqué du signe de l'ouverture

Dirigé sans surprise par François Fillon, nommé Premier ministre après l'élection présidentielle et reconduit au lendemain des législatives, le gouvernement accueille, de façon visible, plusieurs ministres de gauche, qu'il soient issus de l'aile droite du Parti socialiste comme Bernard Kouchner et Jean-Marie Bockel ou se soient déjà détachés de ce dernier comme Éric Besson et Jean-Pierre Jouyet, le président d'Emmaüs-France Martin Hirsch, qui fut membre de plusieurs cabinets de gauche, devenant pour sa part haut commissaire aux solidarités actives contre les pauvretés Sont également nommés ministres Hervé Morin et André Santini, anciens compagnons de François Bayrou et dirigeants du Nouveau Centre. Si des portefeuilles vont à des proches du président (Brice Hortefeux, Christian Estrosi) et à d'anciens chiraquiens (Alain Juppé jusqu'à sa démission consécutive à sa défaite aux législatives de juin, Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel), on note la place faite à des personnalités issues de l'immigration, peu connues du grand public (Fadela Amara, Rachida Dati, Rama Yade). Le gouvernement se caractérise aussi par une volonté de resserrement (32 ministres et secrétaires d'État, dont 11 femmes) et par l'entrée de ministres jeunes (Rama Yade, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet). Le portefeuille sensible de l'Économie, des Finances et de l'Emploi revient à l'ancienne avocate d'affaires, déjà présente dans le gouvernement Villepin, Christine Lagarde. Quant à Jean-Louis Borloo, bientôt porté à la présidence du Parti radical et d'abord nommé à Bercy, il remplacera Alain Juppé à la tête du grand ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables.

Cette volonté d'ouverture au niveau du gouvernement devait d'ailleurs être accompagnée de missions spécifiques attribuées à des personnalités de gauche (rapport sur la mondialisation demandé à Hubert Védrine, commission sur les freins à la croissance présidée par Jacques Attali), mais aussi de la présence de personnalités de gauche dans des commissions constituées sur des sujets sensibles (Jack Lang et les universitaires Olivier Duhamel et Guy Carcassonne dans la commission sur la réforme des institutions présidée par Edouard Balladur) comme du soutien au plus haut niveau accordé à l'ancien candidat malheureux à la candidature du P.S., Dominique Strauss-Kahn, pour le poste de directeur général du Fonds monétaire international. De surcroît, conformément à la volonté du président, la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée nationale a été réservée à la gauche. Deux nouveaux partis, qui se veulent à la fois de gauche et sarkozystes, ont également été porté sur les fonts baptismaux à la fin de l'année : Les Progressistes, animés par Éric Besson, et Gauche moderne, dirigé par[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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