FRANCE L'année politique 2007
Une gauche désorientée
La gauche et notamment le Parti socialiste peinent à surmonter la défaite du 6 mai 2007, et si les résultats des élections législatives sont pour elle moins désastreux qu'elle ne l'avait redouté, rien ne paraît fait pour dénouer la crise. D'abord, le Parti socialiste ne dispose pas d'un dirigeant incontesté, capable de porter au gouvernement une contradiction crédible. Le premier secrétaire, François Hollande, qui a annoncé ne pas briguer sa propre succession, reste en poste, non sans faire face à une crise de légitimité, jusqu'au congrès de l'automne de 2008. L'ancienne candidate, Ségolène Royal, ne paraît pas en mesure de rassembler son propre camp, et beaucoup, dans les rangs du P.S., lui reprochent son manque de professionnalisme et son caractère trop « personnel », qui auraient conduit à la défaite électorale. Si Laurent Fabius, impopulaire auprès des militants et qui paie encore le prix de son non au référendum du 29 mai 2005, ne peut que rester en surplomb, Bertrand Delanoë, qui doit avant tout obtenir sa réélection à la mairie de Paris lors des municipales de 2008, ne fait pas l'unanimité. Quant aux rénovateurs plus jeunes (Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Benoît Hamon, notamment), ils peinent encore à faire entendre leurs voix auprès d'un large public et leur pluralité même, sinon leurs divisions quant aux choix fondamentaux, entrave le surgissement d'un leader naturel. L'éloignement de Dominique Strauss-Kahn prive le Parti d'une identité sociale-démocrate incarnée par un dirigeant de premier plan. Au-delà des questions de personnes, le P.S. persiste à montrer ses divisions sur le projet d'ensemble, comme en témoignent les positions divergentes sur l'attitude à adopter à l'égard du futur traité européen.
Du côté du Parti communiste, comme d'ailleurs de l'extrême gauche, la division, l'affaiblissement électoral et la difficulté de dépasser la seule contestation constituent les problèmes majeurs. Quant aux Verts, outre leur position de faiblesse électorale et leurs divisions classiques, ils pâtissent de l'activisme du gouvernement, et d'abord de Jean-Louis Borloo, sur les questions d'environnement. Malgré les difficultés que connaît la gauche, les élections municipales et cantonales de 2008 restent toutefois ouvertes : au-delà des données locales et personnelles, les électeurs peuvent être tentés d'offrir un contrepoids local à l'hégémonie majoritaire et de manifester de la désapprobation à l'égard de la politique suivie.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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