FRANCE L'année politique 2008
L'année 2008 fut la première année pleine de la présidence de Nicolas Sarkozy. La présidence de l'Union européenne par la France pendant le second semestre, des tensions internationales majeures et l'ouverture d'une crise financière et économique de grande ampleur ont naturellement pesé sur la perception par l'opinion de la stratégie suivie. Elles n'ont pas masqué, toutefois, d'importantes contestations de plusieurs aspects de la politique gouvernementale, perceptibles – sur un mode atténué – jusque dans les rangs de l'U.M.P. À gauche, le Parti socialiste (P.S.) apparaît comme le grand gagnant des élections municipales de mars et progresse sensiblement au Sénat, mais il voit en fin d'année ses divisions exacerbées lors du congrès de Reims et de la désignation de son premier secrétaire. En pointe dans la critique de l'action gouvernementale, le Mouvement démocrate (MoDem) reste marginalisé dans le jeu politique, tandis que l'extrême gauche paraît en situation de profiter des querelles socialistes comme de l'approfondissement de la crise économique et sociale qui atteint le pays.
Un gouvernement aux ambitions réformatrices pris par la tourmente
Au-delà de tiraillements entre personnalités, de quelques exemples d'une mauvaise communication et des rumeurs régulières sur les tensions entre le président et le Premier ministre, la composition de l'équipe gouvernementale a connu une assez grande stabilité et les remaniements sont restés d'ampleur limitée. Le lendemain des élections municipales de mars 2008 voit des secrétaires d'État changer d'affectation et d'autres faire leur entrée au gouvernement, à des postes nouveaux ou remodelés, les compétences des ministres de rattachement étant élargies ou modifiées dans le même mouvement : départ de Christian Estrosi, élu maire de Nice et remplacé à l'Outre-Mer par Yves Jégo ; arrivée d'autres proches de Nicolas Sarkozy, comme Nadine Morano à la Famille et Alain Joyandet à la Coopération, ce dernier en remplacement de Jean-Marie Bockel, auteur de propos critiques envers la « Françafrique », qui passe aux Anciens Combattants, Alain Marleix devenant secrétaire d'État à l'Intérieur et aux Collectivités locales ; arrivée de Hubert Falco (Aménagement du territoire) et de centristes comme Christian Blanc (Développement de la région capitale) et Anne-Marie Idrac (Commerce extérieur) ; Éric Besson ajoute à ses responsabilités celle du Développement de l'économie numérique ; Laurent Wauquiez cède à Luc Chatel (Industrie et Consommation) la fonction de porte-parole du gouvernement et se voit confier l'Emploi. En décembre, Patrick Devedjian, dont l'activité en tant que secrétaire général de l'U.M.P. avait été contestée au sein de son propre camp, prend auprès du Premier ministre les fonctions de ministre chargé de la mise en œuvre du plan de relance. À l'issue du dernier Conseil de l'Union européenne sous la présidence française, le secrétaire d'État d'ouverture Jean-Pierre Jouyet (Affaires européennes), qui avait souhaité quitter le gouvernement, cède la place à l'ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, Bruno Le Maire. Enfin, le chef d'entreprise Yazid Sabeg est nommé commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances, sans entrer pour autant au gouvernement.
Le mode de gouvernement connaît une novation avec la réunion informelle, mais régulière, autour du président, du « groupe des sept », composé de quelques ministres et secrétaires d'État considérés comme les plus proches : Brice Hortefeux, Xavier Darcos, Xavier Bertrand, Éric Woerth, Laurent Wauquiez, Luc Chatel et Nadine Morano. La discorde larvée entre le président et son Premier ministre, phénomène classique sous la V[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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