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FRANCE L'année politique 2008

Municipales, cantonales, sénatoriales : une enclave dans la vie politique ?

L'un des paradoxes de l'année politique 2008 réside dans les nets progrès de la gauche lors des diverses élections. Tout se passe comme si les électeurs avaient voulu marquer leur défiance à l'égard d'un gouvernement issu des élections présidentielle et législatives de 2007, gagnées largement par la droite, indépendamment des querelles de la gauche, pourtant largement rejetées par les citoyens selon plusieurs études d'opinion.

Les élections municipales des 9 et 16 mars (tabl. 1 et 2) confirment et accroissent l'ancrage à gauche des municipalités des deux plus grandes villes du pays, Paris et Lyon, et traduisent une nette poussée de la gauche, à peu près sur tout le territoire, permettant à celle-ci de regagner des municipalités perdues en 2001 (Strasbourg, Rouen) et d'en conquérir d'autres (Toulouse, Caen, Metz, Reims, Amiens, Saint-Étienne). Des alliances locales avec le MoDem permettent parfois à la gauche d'améliorer ses scores de 2001, notamment à Lille, Dijon, Grenoble ou Montpellier. La droite conserve toutefois des villes telles que Marseille, Aix-en-Provence, Nîmes, Orléans et Le Havre et conquiert Le Puy-en-Velay et Chaumont. François Bayrou, pour sa part, ne parvient pas à se faire élire à Pau et le MoDem perd neuf des dix sièges qu'il détenait au conseil de Paris ; parmi les villes de plus de 30 000 habitants, il ne conquiert que Mont-de-Marsan ; surtout, l'existence d'alliances locales, autant à gauche qu'à droite, a brouillé son image. Le P.C.F., après avoir conquis Dieppe et Vierzon au premier tour, perd ses bastions de Calais, gagné par l'U.M.P., d'Aubervilliers et de Montreuil, où Jean-Paul Brard est battu par la sénatrice verte Dominique Voynet. Le déclin du Front national se confirme aussi. Globalement, de 2001 à 2008, le nombre de maires de gauche de villes de plus de 15 000 habitants passe de 291 à 350, alors que ceux de droite ne sont plus que 262 contre 342 en 2001.

Des élections cantonales se tenaient aux mêmes dates, pour renouveler la série sortante des conseillers généraux élus en 2001. Elles accroissent encore la domination de la gauche sur les exécutifs départementaux (tabl. 3, 4 et 5). Alors que, en 2004, elles s'étaient traduites par un gain net de dix départements, en 2008 elles aboutissent à une progression nette de sept départements (passent à gauche la Somme, le Val-d'Oise, l'Indre-et-Loire, l'Allier, le Lot-et-Garonne, les Deux-Sèvres, la Corrèze et l'Ain, la droite remportant les Hautes-Alpes). La gauche exerce désormais la présidence de 58 départements, contre 43 pour la droite. Le P.C.F. cède, quant à lui, au P.S. le département de Seine-Saint-Denis.

Le renouvellement d'un tiers des sièges de sénateurs, le 21 septembre, voit également la gauche progresser d'une vingtaine de sièges, lui laissant même envisager, pour la première fois, la possibilité de détenir la majorité en 2011 (tabl. 6). Porté par la domination de la gauche sur les conseils régionaux (20 des 22 régions métropolitaines), la présence majoritaire de celle-ci à la tête des départements et ses succès aux municipales, ce mouvement est toutefois freiné par un mode de scrutin qui favorise les petites communes. À la présidence de la Haute Assemblée, le sénateur des Yvelines et ancien ministre (2004-2007) Gérard Larcher succède à Christian Poncelet, après une rude bataille interne au groupe U.M.P. soldée par la défaite de l'ancien Premier ministre et sénateur de la Vienne Jean-Pierre Raffarin.

— Nicolas TENZER

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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