FRANCE L'année politique 2009
Une vie politique troublée
La vie politique de l'année 2009 est principalement marquée par la poursuite des querelles de personnes, désormais traditionnelles, au sein du P.S., l'existence de désaccords plus feutrés à l'U.M.P., de fortes interrogations sur l'avenir du MoDem et le maintien de l'éclatement de la gauche extrême. Pendant ce temps, le président de la République continue à jouer sa politique dite « d'ouverture », avec les nombreuses missions confiées à Michel Rocard, le retour de Claude Évin comme responsable de l'agence régionale de santé d'Île-de-France, l'appel à d'autres personnalités de gauche comme Jack Lang pour des missions particulières (Cuba, Corée du Nord).
Malgré une réconciliation d'apparence entre Martine Aubry et Ségolène Royal après la contestation par les partisans de la seconde de l'élection de la première à la tête du P.S. en 2008, certains « royalistes » ayant intégré la direction, les conflits entre les deux femmes, mais aussi entre d'autres personnalités du parti (Vincent Peillon et Manuel Valls notamment), éclatent à nouveau. Certes, Martine Aubry réussit à asseoir sa position de première secrétaire, les anciens courants ayant perdu de leur importance, notamment avec le lancement d'un programme de rénovation lors du conseil national du 12 septembre et l'adoption d'un questionnaire destiné à la « consultation militante », le 1er octobre. Approuvés par les militants, plusieurs principes sont ainsi définis : l'organisation de primaires ouvertes associant si possible le reste de la gauche, la règle du non-cumul des mandats, la parité intégrale et la création d'une autorité indépendante interne. Les perspectives pour l'élection présidentielle de 2012 restent toutefois incertaines. L'ancien premier secrétaire, François Hollande, s'est repositionné comme candidat possible, ainsi que Pierre Moscovici, tandis que beaucoup imaginent un retour de Dominique Strauss-Kahn, fort de la crédibilité acquise comme directeur général du F.M.I.
Si le Parti communiste et le Parti de gauche fondé par l'ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon ont réussi à nouer un accord qui paraît durable, à l'extrême gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste d'Olivier Besancenot continue de mener une stratégie autonome, malgré certaines défections. Les Verts, tout en ayant noué une alliance avec le P.S. pour les régionales de 2010, espèrent conquérir quelques régions au détriment de celui-ci, éventuellement même l'Île-de-France où se positionne leur dirigeante, Cécile Duflot. Celle-ci et son adjoint Jean-Vincent Placé se démarquent toutefois de Daniel Cohn-Bendit en refusant toute alliance avec le MoDem.
Malgré les appels à l'union entre le P.S. et le MoDem lancés par des personnalités comme Ségolène Royal, Vincent Peillon ou Marielle de Sarnez, les deux formations y sont dans l'ensemble réticentes, au moins pour le premier tour. Pour le mouvement de François Bayrou, la définition d'une troisième voie paraît difficile tant en termes de communication que sur le plan électoral ; tout en émettant une critique radicale du gouvernement au point de voter, le 27 janvier, la motion de censure présentée par le P.S., il n'est pas identifié comme un parti de gauche. L'obligation, pour chaque liste, d'obtenir 10 p. 100 des suffrages exprimés pour se maintenir au second tour des élections régionales l'obligera nécessairement à conclure des alliances. Il risque aussi de se heurter rapidement à un réseau d'élus trop limité. Il pourrait aussi pâtir d'une plus forte identification du Nouveau Centre, certes partie prenante de la majorité présidentielle, mais qui cherche à mieux montrer sa spécificité.
Quant à l'U.M.P., elle bénéficie du ralliement, pour préparer[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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