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FRANCE L'année politique 2011

2011 fut en France une année de crise profonde, non seulement en raison de l'aggravation de la situation économique, mais aussi de la crise de l'euro dans laquelle le pays s'est trouvé en première ligne. Ce fut aussi une année de crise « morale », en raison du développement des « affaires » qui a accru le trouble de l'opinion à l'égard du gouvernement et de la plupart des partis politiques. Le « printemps arabe » eut aussi des conséquences directes sur la politique française, avec l'intervention en Libye largement approuvée par la classe politique, et les polémiques qu'il entraîna concernant la politique complaisante adoptée envers des régimes peu démocratiques et peu respectueux des droits de l'homme. Année pré-présidentielle, 2011 vit la perspective de l'élection dominer la vie politique, notamment avec le succès de l'organisation de la première primaire socialiste ouverte au-delà des militants et la désignation des candidats d'Europe Écologie-Les Verts (E.E.-L.V.) et du Front de gauche allié au Parti communiste. Quoique sans élection majeure au suffrage universel direct, 2011 connut une forme de révolution avec le basculement du Sénat à gauche et une percée de la gauche aux dernières élections cantonales de l'histoire politique française.

Une crise économique liée à une crise des finances publiques

Alors que le taux de croissance du P.I.B. avait été de 1,6 p. 100 en 2010 (contre une baisse de 2,3 p. 100 en 2009), il ne devrait pas dépasser 1,7 p. 100 en 2011, les prévisions pour 2012 étant nettement plus pessimistes. Conséquemment, le chômage devrait augmenter de près de 4 p. 100 en 2011 pour frôler les 10 p. 100, soit environ trois millions de chômeurs. Le commerce extérieur continue, comme en 2010, d'enregistrer des résultats d'autant plus mauvais qu'il est structurellement orienté vers l'Europe, dont la croissance est atone. La production industrielle reste inférieure à ce qu'elle était en 2008, avant la crise mondiale, dans un contexte de restriction de la consommation et de taux d'épargne important. Le pouvoir d'achat continue de stagner.

La dette, qui représente 86 p. 100 du P.I.B., provoque une charge d'autant plus forte que l'augmentation des taux se traduit par son renchérissement, estimé entre 2 milliards et 3 milliards d'euros en 2011. Même si le déficit devrait être ramené à 5,7 p. 100 du budget en 2011, certains craignent que les restrictions budgétaires et la hausse des impôts annoncées pèsent sur la croissance. En effet, les deux plans de rigueur dévoilés le 24 août et le 7 novembre 2011 devraient se traduire, respectivement, par 12 milliards et 7 milliards d'économie en 2012, certaines mesures, notamment fiscales et liées au recul de l'âge du départ à la retraite à taux plein, dont le calendrier a été légèrement accéléré, ayant toutefois des effets à plus long terme.

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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Médias

France : abstentionnisme au premier tour des élections cantonales (1982-2011) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : abstentionnisme au premier tour des élections cantonales (1982-2011)

France : élections cantonales (1988-2011) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : élections cantonales (1988-2011)

France : basculement des majorités départementales (1998-2011) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : basculement des majorités départementales (1998-2011)