- 1. Une crise économique liée à une crise des finances publiques
- 2. Une pause dans les réformes ?
- 3. Une petite révolution au Sénat ?
- 4. Des élections cantonales moroses
- 5. Des « affaires » au cœur de la vie politique
- 6. La France, la crise européenne et l'ordre mondial
- 7. Impossible recomposition pour une droite divisée
- 8. La gauche entre succès et discorde
- 9. Nouvelles inconnues politiques
FRANCE L'année politique 2011
La gauche entre succès et discorde
L'année 2011 fut marquée en politique par un succès évident du P.S., qui ressemblait à un pari. Alors que peu d'analystes imaginaient qu'elle allait mobiliser plus d'un million de citoyens déclarant partager les valeurs de la gauche, la désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle par des électeurs se qualifiant ainsi devait mobiliser près de trois millions de votants aux deux tours (2 661 200 au premier et 2 860 000 au second). Après la mise hors course de Dominique Strauss-Kahn, le premier tour oppose le 9 octobre François Hollande, Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Ségolène Royal et le radical de gauche Jean-Michel Baylet. Le président du conseil général de Corrèze, qui s'était le premier déclaré candidat, l'emporte finalement sur la première secrétaire du P.S., le député de Saône-et-Loire, qui avait fait campagne sur la « démondialisation » arrivant en troisième position. Tous les candidats éliminés au premier tour portent leur choix sur l'ancien premier secrétaire, considéré selon les études d'opinion comme mieux à même de battre Nicolas Sarkozy à la présidentielle que la maire de Lille, jugée plus intransigeante, moins rassembleuse et marquée, pour une partie de l'opinion, comme étant la mère de la réforme controversée des « 35 heures ».
Si, malgré quelques piques, le climat des primaires fut relativement serein et le rassemblement visible par la suite, non seulement le débat devait laisser des traces mais il ne mettait pas un terme aux antagonismes de fond entre les défenseurs d'une voie sociale-démocrate sinon sociale-libérale, européenne et ouverte à la globalisation, et les partisans d'un ancrage plus radical à gauche, critiques du libéralisme, de la mondialisation et parfois plus enclins à des compromis avec les écologistes. Le candidat François Hollande devait d'ailleurs affronter dès la mi-novembre son premier problème de campagne en raison de positions sur le nucléaire jugées irresponsables par les modérés du P.S. et qui figuraient dans l'accord électoral et programmatique négocié avec E.E.-L.V. par la première secrétaire et son équipe. Nombre de sympathisants socialistes considèrent aussi qu'il lui faudra prendre ses distances avec un projet du P.S. jugé souvent trop radical et peu adapté au nouveau contexte ouvert par la crise économique et financière. Une polémique devait d'ailleurs surgir sur la proposition émise par l'accord P.S.-Verts d'un éventuel renoncement par la France à son droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. François Hollande paraît déterminé à prendre également certaines distances avec le projet du P.S., notamment sur la retraite à soixante ans, ainsi qu'avec l'accord susmentionné. La désignation des candidats socialistes aux législatives devait aussi ranimer certaines tensions entre les différentes sensibilités au sein du parti.
Plus à gauche, l'ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon, investi par sa formation, le Parti de gauche, et par le Parti communiste qui, pour la première fois sous la Ve République, ne présentera pas de candidat issu de ses rangs, pourrait profiter également de l'arrivée de candidats moins connus à l'extrême gauche. En effet Philippe Poutou remplace Olivier Besancenot comme candidat du Nouveau Parti anticapitaliste et Nathalie Arthaud succède à Arlette Laguiller pour Lutte ouvrière. Quant à Eva Joly, la candidate investie en juillet par E.E.-L.V. face à Nicolas Hulot, elle peine à décoller dans les intentions de vote, plusieurs personnalités de son parti restant très en retrait pour une élection dont ils contestent souvent le principe et avec laquelle ils paraissent peu à l'aise. Enfin, Jean-Pierre Chevènement, déjà candidat[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias