FRANCE L'année politique 2013
Un gouvernement affaibli
Avec environ 20 p. 100 d’opinions favorables en fin d’année, la cote de popularité du président de la République constitue un « record » sous la Ve République, et révèle l’inquiétude et l’état d’esprit contestataire de la société française, tout aussi défiante à l’endroit du Premier ministre.
Une des principales raisons de cette dégradation de l’image présidentielle tient vraisemblablement à l’incompréhension que rencontre la politique fiscale du gouvernement, valant à la plupart des catégories sociales une hausse des prélèvements obligatoires qui rognent le pouvoir d’achat des ménages et les marges des entreprises. Les prélèvements sont considérés comme excessifs par 72 p. 100 des Français (sondage Ipsos-C.G.I. d’octobre pour Le Monde, B.F.M.-T.V. et la Fondation internationale des finances publiques). Une majorité d’entre eux estiment en outre que la fiscalité contribue à augmenter les inégalités. La question fiscale est d’ailleurs l’occasion de multiples protestations. La mesure la plus largement contestée, surtout par les artisans et les commerçants, mais aussi par une partie de la gauche radicale, est l’augmentation des taux de T.V.A. programmée pour le début de l’année 2014. Mais 2013 connaît une série de rejets de projets fiscaux, suivis de reculs gouvernementaux. Les « pigeons » (des entrepreneurs) protestent contre la mise en place d’un nouveau régime fiscal sur les plus-values de cession d’entreprise. Finalement, la réforme est abandonnée. Les « poussins » se rebellent contre la remise en cause du statut d’autoentrepreneur. Le gouvernement se contente de l’aménager. Enfin, les « bonnets rouges » bretons s’élèvent de manière beaucoup plus violente contre l’écotaxe (taxe kilométrique sur les transports routiers), mise en place par le précédent exécutif. Cette révolte bretonne, large et assez composite, qui mêle patrons, opposition, agriculteurs et salariés, dépasse largement le motif fiscal initial et devient la fronde de toute une région menacée par la crise. Encore une fois, le gouvernement suspend la mesure, et annonce qu’elle attendra la réforme fiscale d’ensemble annoncée par le Premier ministre en novembre. Disparates, ces mouvements de contestation ont au moins le point commun de se passer des corps intermédiaires, notamment des syndicats, ce qui les rend difficiles à appréhender.
En outre, presque tous les projets et annonces du gouvernement semblent suivis de leur lot de contestations ou de polémiques. Le mouvement le plus « politique » et le plus marquant de l’année est sans aucun doute celui qui s’oppose à la loi dite du « mariage pour tous » (ouverture de l’institution matrimoniale aux personnes de même sexe), adoptée par le Parlement au mois d’avril. Mais les importantes manifestations organisées par le mouvement La Manif pour tous dans l’ensemble de la France ne font pas, cette fois, reculer le gouvernement, malgré la mobilisation de la droite parlementaire.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias