FRANCE L'année politique 2014
Le temps des remaniements gouvernementaux
Après le revers des élections municipales, le président de la République se résout à se séparer de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le 31 mars, Manuel Valls devient Premier ministre. Sa popularité est alors nettement supérieure à celle du président, et s’étend au-delà de son propre camp politique. Certains membres de la majorité le trouvent cependant trop peu « à gauche », et sa nomination entraîne le départ des ministres écologistes du gouvernement. Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, quitte le gouvernement (il deviendra commissaire européen le 1er novembre), Ségolène Royal y fait son entrée à la tête du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. La ligne du nouveau gouvernement est contestée par une partie du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, fédérée dans le mouvement des « frondeurs » – quarante et un d’entre eux s’abstiennent lors de la présentation du plan de réformes par le Premier ministre en avril. D’ailleurs, la nomination de Manuel Valls ne met pas fin aux « couacs » dont avait pâti le gouvernement Ayrault. Devant l’ampleur de la contestation, le président et le Premier ministre décident, à la fin du mois d’août, de se séparer des ministres contestataires de l’aile gauche du P.S. : Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti. L’ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République Emmanuel Macron devient ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Réputé plus favorable aux entreprises que son prédécesseur Arnaud Montebourg, il incarne en quelque sorte le tournant social-démocrate annoncé par le président de la République dès sa conférence de presse du 14 janvier 2014. La tonalité de celle-ci, l’annonce d’importants allègements de charges et d’un programme de baisse des impôts officialisaient ce que sa conférence de presse du 13 novembre 2012 sur le pacte de compétitivité annonçait déjà en substance.
En somme, la tête de l’État trouve enfin sa cohérence entre propos présidentiel et composition du gouvernement, ce qui ne va pas empêcher l’exécutif de connaître de nouveaux problèmes. Ainsi, à peine le nouveau gouvernement en place, le secrétaire d’État Thomas Thévenoud doit démissionner parce qu’il a omis de déclarer et payer ses impôts pendant plusieurs années. En novembre encore, c’est un fidèle de François Hollande, Kader Arif, soupçonné de favoritisme dans l’attribution de marchés publics, qui quitte le gouvernement.
Le cabinet du président de la République connaît lui aussi quelques secousses. En avril, le conseiller politique de François Hollande démissionne : Aquilino Morelle est accusé par le site d’information en ligne Mediapart de conflit d’intérêts, en raison des liens qu’il entretenait avec des laboratoires pharmaceutiques quand il était en poste à l’Inspection générale des affaires sociales. En décembre, le président reçoit la démission de son conseiller Faouzi Lamdaoui, cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour « abus de biens sociaux ». Après l’affaire Cahuzac en 2013, ces événements contribuent à ternir le projet de « République exemplaire » porté par François Hollande pendant sa campagne. Quant à la nomination en avril de Jean-Pierre Jouyet, un ami du chef de l’État, au poste de secrétaire général de l’Élysée, elle suscite quelques interrogations à gauche. Cet ancien conseiller de Lionel Jospin a en effet été secrétaire d’État aux Affaires européennes sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias