FRANCE L'année politique 2015
Deux élections sous tension
Sans surprise, les élections – départementales (ex-cantonales), les 22 et 29 mars, et régionales, les 6 et 13 décembre – font perdre des positions à la gauche, ce qui est un phénomène classique en deuxième tiers de mandature présidentielle. La gauche perd la présidence de 29 départements et n’en gagne qu’un. Elle perd plus de 13 points par rapport aux cantonales de 2011, réalisant son plus mauvais score à ce type d’élections depuis 27 ans. Cependant, la droite classique, avec 36,41 p. 100 des voix, fait presque score égal avec la gauche. La forte poussée du Front national (25,79 p. 100, soit dix points de plus qu’en 2011) est en effet le principal événement du scrutin. Les électeurs du F.N. se reportent majoritairement au second tour sur les candidats de la droite, qui conquiert ainsi de nombreux départements.
Les élections régionales devaient apporter sa consécration à la réforme des territoires (loi relative à la délimitation des régions de janvier 2015, loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République promulguée en août 2015…), présentée comme un des grands œuvres du quinquennat. Outre la redéfinition des compétences des entités territoriales françaises, la carte des régions métropolitaines est profondément remaniée. Leur nombre est ramené de vingt-deux à treize (dont la Corse, qui n’est pas une « région », mais en exerce les compétences). Cependant, les élections régionales sont surtout pour la droite l’occasion de conquérir des régions importantes : l’Île-de-France, Rhône-Alpes-Auvergne, Provence-Alpes-Côte d’Azur, etc. Quant au F.N., profitant sans doute du climat de peur et de méfiance à l’égard des migrants qui prévaut trois semaines après les attentats du 13 novembre, il obtient le meilleur score national de son histoire en voix et en pourcentage (près de 28 p. 100 des suffrages). La stratégie de retrait républicain décidée par le Parti socialiste dans les régions P.A.C.A. et Nord-Pas-de-Calais-Picardie (en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, le candidat socialiste refuse de se retirer) empêche l’extrême droite de remporter une région. Quant à la gauche, elle parvient à limiter ses pertes, ce qui fait dire à plusieurs commentateurs que les élections régionales n’ont pas eu de véritable gagnant.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias