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FRANCE L'année politique 2015

Une opposition désunie

Malgré les progrès électoraux de la droite aux élections départementales et, dans une moindre mesure, régionales, l’opposition a du mal à définir un projet susceptible de la rassembler. L’alliance du parti Les Républicains (ex-U.M.P.), de l’U.D.I et du MoDem aux élections départementales et régionales cache mal les désaccords qui la fissurent. Au mois de mai, le nouveau nom de l’U.M.P., rebaptisé « Les Républicains » par Nicolas Sarkozy, est approuvé par 83,28 p. 100 des militants. Ce succès est moins mitigé que la réélection de l’ancien président de la République à la tête du parti en 2014, mais il n’est pas unanime. Le faible taux de participation (45,74 p. 100) en témoigne. Les divisions de la droite continuent d’ailleurs à s’étaler sur la place publique. L’approche des primaires prévues pour 2016, en vue de la présidentielle de 2017, réveille les rivalités personnelles entre les principaux candidats : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon. Les désaccords de fond se cristallisent autour de cet antagonisme. L’ancien président de la République, en panne dans les sondages, durcit sa ligne. Il critique les accords de Schengen, parfois la construction européenne elle-même, défend le droit du sang, veut restreindre l’accueil des réfugiés et choisit de s’en prendre au gouvernement aussitôt après les attentats de novembre… La ligne d’Alain Juppé est plus centriste et modérée. Quant à François Fillon, il se fait le chantre du libéralisme économique, tout en affirmant haut et fort son soutien à la Russie de Poutine (engagée en Ukraine et en Syrie dans une stratégie peu compatible avec celle de la France). Nicolas Sarkozy, plus prudent sur la Syrie, n’en appelle pas moins à un réchauffement des relations de la France avec Moscou et se refuse à condamner l’annexion de la Crimée par la Russie. Alain Juppé, de son côté, prend nettement ses distances vis-à-vis de la russophilie de ses concurrents.

Entre les deux tours des régionales de décembre, la question de l’attitude à adopter devant les succès du F.N. ravive les tensions à droite, qui aboutissent à l’éviction brutale de Nathalie Kosciusko-Morizet de la vice-présidence des Républicains. La volonté du président des Républicains d’affirmer son autorité sur le parti – ce dont témoigne cette éviction décidée par Nicolas Sarkozy lui-même –, n’empêche pas le nombre des adhérents de refluer tout au long de l’année 2015.

L’année du F.N., avant de se conclure par les meilleurs scores électoraux de son histoire, est en grande partie occupée par le conflit qui oppose la présidente du parti, Marine Le Pen, à son père. Pour avoir repris ses propos sur les chambres à gaz « un détail de la Seconde Guerre mondiale », Jean-Marie Le Pen est exclu du parti. La domination de Marine Le Pen sur le Front national semblerait désormais sans partage, sans la concurrence de plus en plus flagrante d’un autre membre de la famille, Marion Maréchal-Le Pen, adepte d’une ligne nettement moins « normalisée » que celle préconisée par sa tante. Les listes menées par les deux femmes aux régionales obtiennent d’ailleurs des scores similaires (plus de 40 p. 100).

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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François Hollande devant le Congrès, Versailles, novembre 2015 - crédits : E. Feferberg/ Pool/ AFP

François Hollande devant le Congrès, Versailles, novembre 2015

France : abstentionnisme au premier tour des élections cantonales (1982-2011) et départementales (2015) - crédits : Encyclopædia Universalis France

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France : élections cantonales (1988-2011) et départementales (2015) - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : élections cantonales (1988-2011) et départementales (2015)