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FRANCE L'année politique 2016

En cette année préélectorale, la France apparaît comme profondément divisée et anxieuse. Autant la droite, lors de la primaire qu’elle a pour la première fois organisée en novembre, que la gauche, qui s’y prépare pour janvier 2017, ont montré des visions du monde et de la société largement antinomiques. En outre, pour la première fois sous la Ve République, le président François Hollande, particulièrement affaibli dans les sondages, a indiqué qu’il ne briguerait pas un second mandat, laissant place aux rivalités entre ses anciens ministres. La croissance peine à repartir et, si la courbe du chômage s’est légèrement inversée lors des mois de septembre, octobre et novembre, il est trop tôt pour savoir si cette amélioration sera durable. Enfin, le risque terroriste demeure à son niveau le plus élevé et l’attentat de Nice, le 14 juillet, succédant aux actions terroristes de 2015, ainsi que le double meurtre de policiers le 13 juin et l’assassinat du prêtre Jacques Hamel le 26 juillet, ont créé un traumatisme durable dans l’esprit des Français, renforçant encore leur pessimisme habituel. Sur le plan international, le référendum britannique sur le Brexit, l’élection de Donald Trump aux États-Unis et la politique agressive de la Russie de Vladimir Poutine ont renforcé l’incertitude quant à la stabilité du monde et de l’Europe.

Un gouvernement malmené

Manifestation contre la « loi travail », 2016 - crédits : Philippe Lopez/ AFP

Manifestation contre la « loi travail », 2016

En fin de mandat et peu populaire, le gouvernement a affronté une forte contestation sur les principaux projets qu’il a portés durant l’année. Le plus emblématique est celui de la loi « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs », dite « loi travail », menée par la ministre Myriam El Khomri, finalement adoptée le 21 juillet grâce au recours à trois reprises à l’article 49.3 de la Constitution. Contestée dans la rue lors de manifestations importantes organisées principalement par les syndicats CGT et FO, elle le fut aussi dans l’hémicycle, en particulier par les « frondeurs » du Parti socialiste (PS). Largement vidée de ses dispositions les plus significatives (principalement le plafonnement des indemnités prud’homales pour licenciement abusif et la gestion unilatérale du temps de travail dans les très petites et les petites et moyennes entreprises), pour tenter – sans succès – de rallier les syndicats et la gauche du PS, elle ne fut finalement soutenue que par la CFDT et quelques autres syndicats dits « réformistes », tandis que la droite et les organisations patronales, mais aussi le ministre de l’Économie Emmanuel Macron, estimaient qu’elle avait une portée beaucoup trop réduite. Au grand dam de son initiateur, la loi « Nouvelles opportunités économiques », dite « loi Macron 2 », n’a finalement pas vu le jour, certaines de ses dispositions, revues dans leurs ambitions, ayant été intégrées dans la loi « relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique », dite « loi Sapin 2 », promulguée le 9 décembre 2016.

En fin d’année également, l’état d’urgence a été prorogé de six mois consécutifs, malgré certaines mises en garde, notamment celle du vice-président du Conseil d’État, selon lesquelles il ne saurait être prolongé indéfiniment, et une loi organique renforçant la compétence du Défenseur des droits pour la protection des lanceurs d’alerte, parfois jugée insuffisante, a été adoptée. Le 21 juillet était aussi promulguée une loi renforçant les capacités d’action de l’État en matière de lutte contre le terrorisme et son financement. Plus contestées, notamment par les petits partis qui voyaient leur temps de parole limité, furent les deux lois promulguées le 25 avril, dites « de modernisation des règles », applicables à l’élection présidentielle et aux élections législatives.[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification

Médias

Manifestation contre la « loi travail », 2016 - crédits : Philippe Lopez/ AFP

Manifestation contre la « loi travail », 2016

Manuel Valls et François Hollande - crédits : Chesnot/ Getty Images

Manuel Valls et François Hollande

Primaire de la droite et du centre en 2016 - crédits : Martin Bureau/ Pool/ AFP

Primaire de la droite et du centre en 2016