FRANCE L'année politique 2016
La France dans la tourmente mondiale
Alors que la police et les forces militaires ont assuré la mise en œuvre sur le territoire national de l’opération Sentinelle (le plan Vigipirate étant porté à un niveau élevé), l’armée a été largement mobilisée au-delà des frontières en 2016. Présente au sein des forces de la coalition luttant contre Daech (acronyme arabe de l’organisation État islamique) en Irak (opération Chammal), elle est aussi active dans la zone sahélo-saharienne (opération Barkhane), mais ses effectifs ont été réduits en République centrafricaine (avec la fin de l’opération Sangaris en octobre). Elle participe également à l’opération Atalante (lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes), à l’opération Daman (Liban) et à d’autres opérations plus ponctuelles (actions de formation, missions de surveillance maritime notamment). De nombreux responsables, parmi lesquels le chef d’état-major des armées, plaident pour un renforcement du budget de la Défense, qui a pourtant déjà été augmenté ; en effet, à la fin de 2016, l’armée française est déployée au maximum de ses capacités.
Sur le plan diplomatique, la France apparaît toujours en première ligne sur plusieurs dossiers. Initiatrice en 2015 avec l’Allemagne des accords dits de Minsk II, elle poursuit constamment ses efforts dans le cadre du groupe de Normandie (avec la Russie et l’Ukraine) pour tenter d’obtenir une solution pacifique au conflit opposant Moscou et Kiev à la suite de l’appui direct des forces russes aux séparatistes ukrainiens. Les relations avec la Russie ont été toutefois marquées par de fortes tensions en raison de l’intervention militaire de celle-ci en Syrie, conduisant à l’annulation de la visite du président Vladimir Poutine à Paris en octobre 2016, pour l’inauguration du centre culturel et orthodoxe russe. Plaidant avec succès pour le maintien des sanctions décidées par l’Union européenne à la suite de l’invasion du Donbass et de l’annexion de la Crimée, la France s’est aussi illustrée par une action diplomatique intense au sein du Conseil de sécurité des Nations unies à la suite des crimes de guerre commis en Syrie. Elle est parvenue, après deux vetos russes au cours de l’année, à faire voter en décembre par le Conseil de sécurité une résolution censée assurer un contrôle international du déplacement des populations d’Alep à la suite de la prise de la ville par les forces russes et les milices proches de l’Iran en appui au régime de Bachar al-Assad.
Sur un autre plan, après 2015, l’année 2016 est également une année record en termes de vente d’armes. Après un contrat de livraison de sous-marins à l’Australie pour 34,3 milliards d’euros, la vente de trente-six avions de chasse Rafale à l’Inde pour 8 milliards d'euros et la poursuite de contrats très avantageux avec les pays du Golfe, malgré l’annulation du contrat de vente d’hélicoptères à la Pologne, constituent d’importants succès pour la diplomatie économique de la France.
Sur le plan européen, en dépit de divergences en matière économique, la France et l’Allemagne apparaissent soudées sur plusieurs dossiers : position intransigeante lors de la négociation avec le Royaume-Uni des conditions du Brexit, initiative commune pour faire progresser l’Europe de la Défense et déclarations convergentes du président français et de la chancelière allemande à la suite de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Néanmoins, tant les différences de compétitivité et des règles d’engagement des forces militaires que les élections de 2017 dans les deux pays pourraient remettre en cause cette alliance renforcée.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias