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FRANCE L'année politique 2017

2017 est pour l’histoire politique française une année sans pareille. Déjouant tous les pronostics, à la tête du nouveau parti En marche ! qu’il a créé en avril 2016, Emmanuel Macron devient à trente-neuf ans le plus jeune président de la Ve République. Il balaie au passage les deux grandes formations politiques du pays, en s’affirmant comme le seul rempart crédible contre le Front national, constitue un groupe parlementaire ultramajoritaire et une équipe gouvernementale qui ignorent le clivage gauche-droite, alors que celui-ci structure la vie politique du pays depuis la Libération – voire depuis la chute du second Empire. Cette imprévisible victoire, qui lui donne tous les moyens d’appliquer son programme politique, doit certes beaucoup à son talent, mais sans doute plus encore à une succession inédite d’événements politiques.

En janvier, la primaire du Parti socialiste (PS) et de ses alliés est remportée par Benoît Hamon, un candidat sans réelle capacité de rassemblement, concurrencé sur sa gauche par la campagne très efficace de Jean-Luc Mélenchon. En mars, le candidat de la droite, François Fillon, est mis en examen à l’issue d’une litanie de révélations embarrassantes portant sur des soupçons d’emploi fictif et de détournement de fonds publics. Enfin, en avril, c’est Marine Le Pen, la candidate du Front national, qui se qualifie pour affronter Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle. À cette imprévisible succession d’événements s’ajoute un contexte international – débuts de la présidence Trump, Brexit, difficultés d’Angela Merkel à former un gouvernement – qui donne au jeune président français le statut de nouvel espoir de la communauté internationale. Les journaux anglais (The Economist), allemand (Handelsblatt) et espagnol (El Mundo) le consacrent « personnalité de l’année ». Pour plusieurs commentateurs, son élection a permis à la France de revenir sur le devant de la scène mondiale.

Mais le nouveau président est confronté à d’importants défis. N’a-t-il pas déclaré, le soir même de son élection, que sa politique économique et sociale devra produire des résultats susceptibles de priver les extrêmes des arguments qui leur ont permis de progresser ? La politique menaçante de la Russie, les incertitudes de la présidence Trump, les atteintes aux valeurs fondamentales de l’Europe dans plusieurs pays de l’Union ainsi que le risque terroriste lui imposent de mener à bien le projet pour l’Europe qu’il a mis au centre de sa campagne et de démontrer que la France peut faire face aux tensions internationales.

Une année électorale hors norme

Le contexte dans lequel se déroule l’élection présidentielle des 23 avril et 7 mai 2017 est exceptionnel à plusieurs égards. Dès le mois de janvier, les deux grands partis de gouvernement, le PS et Les Républicains, rencontrent des difficultés inédites. Parues le 25 janvier, les premières révélations contenues dans un article du Canard enchaîné sur François Fillon, le candidat des Républicains, aboutissent le 14 mars à sa mise en examen pour des motifs graves : « détournement de fonds publics », « complicité et recel de détournement de fonds publics », « complicité et recel d’abus de biens sociaux », etc. Les juges lui reprochent les conditions dans lesquelles son épouse et deux de ses enfants ont été employés comme assistants parlementaires. Contredisant la promesse faite dès janvier de ne pas se présenter en cas de mise en examen, François Fillon ne renoncera jamais à sa candidature et abordera le premier tour très affaibli.

À gauche, les « primaires citoyennes » de la « Belle Alliance populaire » (Parti socialiste et ses alliés) des 22 et 29 janvier sont remportées par l’ancien frondeur du PS Benoît Hamon. Sa ligne politique, très marquée à gauche, empêchera le PS d’accéder au second tour.[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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Médias

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