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FRANCE L'année politique 2017

Le gouvernement d’Édouard Philippe

Édouard Philippe - crédits : Joël Saget/ AFP

Édouard Philippe

À l’occasion de la composition du gouvernement, Emmanuel Macron continue son travail de brouillage des frontières traditionnelles entre les partis. Le Premier ministre Édouard Philippe, maire du Havre, est un ancien soutien d’Alain Juppé. Les ministères sont confiés à des personnalités de gauche et de droite, à des soutiens de la première heure, à d’anciens opposants, ainsi qu’à des personnalités de la « société civile », recrutées pour leurs compétences. Du côté des Républicains, on trouve un ancien candidat à la primaire de la droite et du centre (Bruno Le Maire, à l’Économie), un ancien sarkozyste (Gérald Darmanin, à l’Action et aux Comptes publics) ou encore un ancien fidèle d’Alain Juppé (Jean-Baptiste Lemoyne, l’un des premiers à s’être déclaré en faveur d’Emmanuel Macron après la primaire de la droite). Après les législatives, les ministres MoDem François Bayrou et Marielle de Sarnez, mis en cause dans une affaire d’emploi fictif d’assistants parlementaires au Parlement européen, doivent quitter le gouvernement. Issus du PS, soutiens de la première heure au candidat d’En Marche !, Gérard Collomb et Christophe Castaner deviennent respectivement ministre de l’Intérieur et chargé des Relations avec le Parlement – Castaner renonçant par ailleurs à la fonction de porte-parole du gouvernement après son élection au poste de délégué général de LRM. Les anciennes socialistes Nicole Belloubet et Florence Parly deviennent garde des Sceaux et ministre des Armées. Ancien ministre de la Défense du gouvernement Valls, Jean-Yves Le Drian est nommé aux Affaires étrangères et européennes. Parmi les « experts » issus de la « société civile », on peut citer Jean-Michel Blanquer au ministère de l’Éducation nationale, l’ancienne dirigeante d’entreprise Muriel Pénicaud au Travail, l’éditrice Françoise Nyssen à la Culture, la professeure de médecine Agnès Buzyn à la Santé et le militant hors parti Nicolas Hulot à la Transition écologique et solidaire.

Dès sa nomination, le gouvernement s’attelle aux réformes annoncées pendant la campagne. Il était prévisible que la première d’entre elles ne rencontrerait guère de résistances. Négociée avec le MoDem au cours de la campagne électorale, la loi sur la moralisation de la vie politique (suppression des « emplois familiaux », renforcement des règles d’inéligibilité, transparence accrue pour les frais de mandat, lutte contre les conflits d’intérêts, etc.) répondait à l’émotion suscitée par les scandales qui avaient émaillé la campagne électorale. Puis, pendant les sept premiers mois du quinquennat, rien ne semble pouvoir freiner l’action du gouvernement, malgré une série de mesures plus délicates, voire nettement impopulaires pour certaines d’entre elles. Le 13 juillet, l’Assemblée autorise le gouvernement à réformer le Code du travail par ordonnances, et celles-ci sont adoptées en Conseil des ministres le 22 septembre. La CSG est réformée : son augmentation sera compensée par une diminution des cotisations salariales et une compensation pour les fonctionnaires et les indépendants. La polémique que suscite la réforme des aides au logement n’empêche pas la diminution de 5 euros de l’APL. Côté fiscalité, l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est transformé en un impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui ne frappera plus les valeurs mobilières. Le gouvernement met également en place la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80 p. 100 des ménages – une suppression intégrale étant déjà envisagée –, la diminution de l’impôt sur les sociétés et l’introduction d’un prélèvement forfaitaire unique de 30 p. 100 sur les revenus de l’épargne. Quant à la réforme des critères d’admission à l’université, votée en première lecture par l’Assemblée[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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Médias

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