FRANCE L'année politique 2017
Légers progrès pour l’économie française
La situation économique de la France s’améliore au cours du dernier semestre de l’année 2017. Alors que la croissance n’avait été que de 1,1 p. 100 en 2016 (0,7 p. 100 en 2014 et 1,1 p. 100 en 2015), elle devrait selon l’INSEE s’établir à 1,9 p. 100 en 2017, ce qui serait le meilleur taux depuis 2011. Cette croissance, largement liée à la reprise de l’économie mondiale, devrait permettre l’amélioration des équilibres budgétaires, même si le gouvernement rencontre des difficultés pour faire passer le déficit en dessous du seuil de 3 p. 100 fixé par les traités européens. Il faudra en outre que la croissance – inférieure à celle de la zone euro (2,2 p. 100) et de l’Allemagne (2,6 p. 100) – se maintienne en 2018 pour espérer un solde net de création d’emplois. En effet, malgré une diminution du nombre des demandeurs d’emploi de catégorie A (de 0,8 p. 100 en novembre 2017, de 2,4 p. 100 de septembre à novembre et de 0,1 p 100 en 2017), les améliorations du marché de l’emploi ne permettent pas encore de prévoir une baisse durable du chômage. La France métropolitaine compte 3 454 100 inscrits à Pôle emploi en catégorie A et 2 157 300 en catégorie B et C (ceux qui exercent une activité réduite), ce qui porte le nombre total des demandeurs d’emploi à 5 611 400 personnes.
D’après plusieurs études – notamment celle qu’a publiée le magazine britannique The Economist –, la France attire de nouveau les investisseurs étrangers. L’INSEE remarque également que la croissance de la production manufacturière n’a jamais été aussi forte depuis 2011 (6,9 p. 100 sur un an) et que les ouvertures d’usines sont plus nombreuses que les fermetures. La hausse du pouvoir d’achat de 1,6 p. 100 (inférieure toutefois à celle de 2016 : 1,8 p. 100) permet à la demande des ménages de croître de nouveau et favorise l’investissement. Mais la hausse est inégalement répartie et les effets de la baisse de la fiscalité ne seront pas immédiatement perceptibles. Malgré ces perspectives positives, le commerce extérieur reste dégradé – sauf dans le secteur agricole, excédentaire – et toujours trop dépendant de gros contrats par nature fluctuants. Ainsi, entre octobre 2016 et octobre 2017, le déficit du commerce extérieur est de 53,4 milliards d’euros. Les faiblesses structurelles de la France (compétitivité, obsolescence de certains investissements) ne seront pas surmontées rapidement et il faudra sans doute de longues années pour qu’elle se dote d’un tissu de PME équivalent à ceux de l’Italie et de l’Allemagne, et suffisamment solide pour peser sur les échanges extérieurs. La remontée des cours du pétrole pourrait en outre nuire à l’activité.
Certains dossiers industriels sensibles focalisent la politique du gouvernement. L’exécutif ne donne pas l’impression de vouloir abandonner l’industrie au seul jeu des marchés et cherche à définir une doctrine d’intervention. En témoignent l’attention portée au devenir de l’équipementier automobile GM&S, la nationalisation temporaire des chantiers navals STX France et la vigilance de l’exécutif pour le site de Whirlpool à Amiens – où s’étaient cristallisés les enjeux de la campagne du second tour, à l’occasion de la visite très médiatisée des deux candidats, ainsi que du futur député de La France insoumise François Ruffin.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias