Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FRANCE L'année politique 2017

La droite française fracturée

En novembre 2016, les primaires de la droite et du centre avaient révélé les profondes divisions des Républicains. Celles-ci perdurent plus que jamais après la présidentielle. En décembre, l’élection au premier tour, avec plus de 74 p. 100 des suffrages exprimés, de Laurent Wauquiez à la tête du parti Les Républicains consacre la victoire d’une ligne politique très marquée à droite (sur l’Europe, la politique internationale, les sujets de société et la question des migrants). Parallèlement, plusieurs figures du parti démissionnent ou en sont exclues. Certains, comme Thierry Solère et Sébastien Lecornu, rejoignent LRM. D’autres – Franck Riester, l’ancien sarkozyste Frédéric Lefebvre – lancent le nouveau mouvement Agir, la droite constructive. D’autres enfin, à l’image de Xavier Bertrand, préfèrent n’adhérer à aucun parti ou, comme Dominique Bussereau, se mettre en congé des Républicains. Certaines personnalités importantes choisissent de rester (Valérie Pécresse, Alain Juppé ou Maël de Calan, candidat malheureux à la présidence du parti). Mais nombreux sont ceux qui préfèrent ne pas cautionner la nouvelle ligne politique du parti et soupçonnent Laurent Wauquiez de vouloir séduire les électeurs du Front national en s’inscrivant dans un courant, de plus en plus important en Europe comme aux États-Unis, qui cherche avant tout à ne pas avoir d’ennemis à droite.

Quand Emmanuel Macron cherche à réunir autour de lui un large ensemble modéré, proeuropéen et libéral sur le plan des valeurs, qui va du centre droit à la social-démocratie, Laurent Wauquiez parie au contraire sur le rassemblement de l’électorat conservateur et eurosceptique. Il entend sans doute aussi profiter de l’affaiblissement du Front national, dont les divisions éclatent au grand jour en septembre avec le départ de Florian Philippot, l’ancien bras droit de Marine Le Pen. La mise en examen de la présidente du parti et d’un certain nombre de cadres dans une affaire d’emploi fictif d’assistants au Parlement européen semble semer le doute chez les électeurs du Front national, déjà mis à rude épreuve par ses changements de cap doctrinaux, notamment sur la question de la sortie de l’euro. Tenter de capter les voix des déçus du Front national – certains Républicains laissent entendre que les valeurs de la droite et de l’extrême droite sont compatibles – présente cependant des risques pour Laurent Wauquiez : rompre la digue qui sépare la droite classique de l’extrême droite pourrait rebuter certains électeurs.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification

Médias

Emmanuel Macron au Louvre, le 7 mai 2017 - crédits : Christophe Ena/ AP/ SIPA

Emmanuel Macron au Louvre, le 7 mai 2017

France : abstentionnisme aux élections présidentielles depuis 1965 - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : abstentionnisme aux élections présidentielles depuis 1965

France : second tour des élections présidentielles de 2012 et 2017 - crédits : Encyclopædia Universalis France

France : second tour des élections présidentielles de 2012 et 2017