FRANCE L'année politique 2017
Emmanuel Macron sur la scène internationale
Certains s’étaient inquiétés du manque d’expérience d’Emmanuel Macron en matière internationale. Ses premiers pas dans ce domaine leur ont donné tort. Sa crédibilité s’affirme rapidement au fil de plusieurs initiatives diplomatiques remarquées : discours sans complaisance devant Vladimir Poutine à l’occasion de la réception du président russe à Versailles (29 mai) ; savante combinaison d’amabilité et de fermeté avec Donald Trump, reçu en grande pompe à Paris pour la célébration du 14-Juillet ; prestations réussies aux Conseils européens, au G7 de Taormina (26 et 27 mai), au sommet de l’OTAN (25 mai) ; intervention auprès de l’Arabie Saoudite et réception du Premier ministre libanais Saad Hariri pour résoudre la crise politique en cours à Beyrouth (mi-novembre) ; discours-programmes sur l’Europe à Athènes (7 septembre) et à la Sorbonne (26 septembre)… Malgré l’opposition de la Hongrie, de la Pologne et de plusieurs autres pays, le président obtient la modification de la directive sur les travailleurs détachés en octobre (applicable au plus tôt en 2022 – hors secteur des transports –, elle prévoit l’égalisation des rémunérations et la limitation de la durée des détachements). Il sait aussi frapper l’opinion internationale en jouant sur les symboles. Ainsi, quand les États-Unis annoncent leur retrait de l’accord de Paris sur le climat, il s’adresse au président américain en détournant le slogan de sa campagne électorale, « Make the planet great again! », et lance un appel aux scientifiques américains, en leur proposant de s’installer en France.
Sa vision du monde combine réalisme, fermeté sur les valeurs et volonté d’action. Ainsi, à propos de la Syrie, il constate qu’il est impossible de « ne pas parler » avec des membres du régime de Bachar al-Assad, tout en rappelant que celui-ci est « l’ennemi du peuple syrien », qu’il est un criminel de guerre et qu’il devra « répondre de ses crimes devant son peuple, devant la justice internationale ». Mais Emmanuel Macron veut tenir la balance entre grands principes et réalisme, quitte à brouiller son principal message, la défense des droits de l’homme : toutes les parties devront donc avoir, selon lui, leur place aux négociations sur la Syrie.
Toujours est-il qu’il réaffirme à plusieurs reprises son attachement aux droits de l’homme, mis au cœur de son allocution à l’Assemblée générale des Nations unies (19 septembre) et devant la Cour européenne des droits de l’homme (31 octobre). Il confirme la politique de sanctions à l’égard de la Russie (pour l’invasion du Donbass et l’annexion de la Crimée) et sait se montrer ferme vis-à-vis de Téhéran (dénonciation de son programme balistique et de ses opérations de déstabilisation au Moyen-Orient), tout en réaffirmant le soutien français aux accords sur le nucléaire iranien. À l’occasion de la commémoration du 75e anniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv’, en juillet, il reçoit Benyamin Nétanyahou et dénonce l’antisionisme, « forme réinventée de l’antisémitisme » ; mais il condamne fermement le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem (annoncé en décembre par Donald Trump), tout en lançant un appel à l’arrêt de la colonisation et pour la solution à deux États. En Afrique enfin, il veut rompre définitivement avec le paternalisme de la « Françafrique » et déclare à Ouagadougou en novembre qu’« il n’y a plus de politique africaine de la France ».
En juillet, la démission provoquée du chef d’état-major Pierre de Villiers (fait sans précédent) jette le trouble chez les militaires, mais il est l’occasion pour Emmanuel Macron d’affirmer son autorité sur l’armée, tout en réaffirmant son objectif d’atteindre les 2 p. 100 du PIB consacrés à la défense en 2025.[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias