FRANCE L'année politique 2017
Les Français dans l’expectative
L’élection du nouveau président de la République a fait naître des espoirs. Mais, pour obtenir l’adhésion des Français, le bouleversement politique qu’il a engagé doit s’accompagner du retour de la croissance et de l’emploi, de l’amélioration perceptible de la vie quotidienne et du pouvoir d’achat. Selon les études d’opinion, en 2017, de nombreux Français admettent tout au moins qu’Emmanuel Macron fait ce qu’il avait annoncé. Le président, qui veut poursuivre sa politique de réformes à marche forcée en 2018, sait que d’importants rendez-vous électoraux l’attendent en 2019 (élections européennes) et en 2020 (élections municipales). Avant ces deux « moments de vérité » et au-delà de la question des réformes, il devra affronter plusieurs autres sujets sensibles : crise des migrants et droit d’asile (la gauche qui a voté Macron supportera mal un traitement trop « rude » de cette question), laïcité, fin de vie et questions bioéthiques…
Mais, avant tout, les Français auront besoin de sentir une amélioration concrète de leur quotidien. Malgré le retour de la croissance au second semestre de 2017 et la diminution sensible du nombre de demandeurs d’emploi en novembre, les résultats restent trop fragiles. Il faudra du temps pour que les mesures fiscales et sociales portent les fruits escomptés par le président. Celui-ci devra également démontrer que sa politique s’adresse à l’ensemble des Français, qu’elle ne se contente pas d’encourager les investissements des plus fortunés, de secourir les plus modestes et de soulager la charge fiscale des classes moyennes les moins favorisées. Les classes moyennes supérieures jouent un rôle politique crucial et leur choix entre LRM et Les Républicains pourrait être déterminant. Quant à ce qu’il est convenu d’appeler la « France périphérique », il y a fort à craindre qu’elle ait du mal à s’identifier à une communication élyséenne qui se contenterait de vanter les mérites d’une « France start-up », dont elle pourrait se sentir de plus en plus exclue, tout en continuant à se tourner vers les extrêmes.
Enfin, celui qui a promis de transformer en profondeur la vie politique du pays devra trouver la majorité nécessaire à la révision constitutionnelle qu’il a annoncée – réduction du nombre de parlementaires, du nombre de mandats successifs, introduction d’une part de proportionnelle dans le scrutin législatif, suppression de la Cour de justice de la République, indépendance du Conseil supérieur de la magistrature. Quant au parti qu’il a créé, et qui a de fait déjà permis le renouvellement du personnel politique, il devra favoriser l’émergence de figures politiques solides et pérennes.
Beaucoup de Français ont mis leur espoir en Emmanuel Macron. Redoutant qu’il soit l’homme de la « dernière chance », ils attendent de lui qu’il se montre à la hauteur des défis qu’il s’est choisis.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias