FRANCE L'année politique 2018
Une droite française qui se cherche
Malmené dans les sondages, le parti Les Républicains (LR) semble payer le prix du manque de clarté de sa ligne idéologique qui chasse trop, aux goûts de certains, sur les terres de l’extrême droite. Son président Laurent Wauquiez est de plus en plus contesté à l’intérieur du parti pour ses discours eurosceptiques, sa critique de la politique migratoire française et européenne, et sa défense des valeurs dites « traditionnelles ». En fin d’année, certains de ses lieutenants (Éric Ciotti, la porte-parole de LR Lydia Guirous) n’hésitent pas à accuser le pacte de Marrakech (pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, approuvé en décembre lors d’une conférence internationale de l’ONU et qui n’a pas de valeur juridiquement contraignante sur la politique des États) de créer un « appel d’air migratoire », interprétation proche de celles de l’extrême droite. Quant à l’attitude ambiguë de Laurent Wauquiez au cours de la crise des « gilets jaunes », hésitant entre soutien et condamnation de la violence des « casseurs », elle suscite une certaine incompréhension parmi l’électorat de la droite classique.
La mauvaise prestation de Marine Le Pen lors du débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2017 avait affaibli le Front national. Mais celui-ci, rebaptisé Rassemblement national (RN) le 1er juin, affiche toujours de bons scores dans les sondages. En fin d’année, il semble être le seul parti à profiter de la crise des « gilets jaunes » dans les intentions de vote. Malgré sa complaisance envers le régime russe de Vladimir Poutine et son affichage en mars avec l’ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon (proche de l’extrême droite américaine), Marine Le Pen continue de bénéficier de la vague « populiste » qui traverse à des degrés divers les pays européens. En octobre, elle est reçue par Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien et dirigeant de la Ligue. Elle semble avoir endigué les contestations à l’intérieur de son parti. Mais Marion Maréchal, pour l’instant retirée de la politique, continue de vouloir peser idéologiquement sur la droite française, notamment grâce à l’école qu’elle inaugure en juin à Lyon et qu’elle dirige : l’Institut des sciences sociales économiques et politiques (ISSEP), dont les cours sont destinés à la « jeunesse conservatrice ».
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias