FRANCE L'année politique 2019
En France, l’année politique 2019 s’est ouverte dans le fracas de la révolte des « gilets jaunes » et s’est achevée au beau milieu d’une grève des employés des transports et de plusieurs catégories de salariés opposés à un projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement. Mais le pays a également été uni dans l’émotion à plusieurs reprises, au moment de l’incendie de Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril, ou lors de la disparition de l’ancien président Jacques Chirac le 26 septembre. Encore une fois frappé par des attentats terroristes, notamment lors de l’assassinat de trois policiers et d’un agent administratif dans les locaux de la préfecture de police de Paris le 3 octobre, il a également été endeuillé par la perte de plusieurs soldats de la force Barkhane au Mali.
Les élections européennes de 2019 ont montré que l’extrême droite se maintenait à des niveaux élevés dans l’opinion, le Rassemblement national (ex-Front national) arrivant en tête du scrutin avec 23,34 p. 100 des suffrages exprimés. Elles ont aussi permis au président de la République d’imprimer sa marque sur les institutions européennes, La République en marche participant au développement du groupe centriste du Parlement européen et les deux grands groupes traditionnels (Parti populaire européen et sociaux-démocrates) n’ayant plus à eux deux la majorité absolue des sièges. En France, le gouvernement a continué de s’engager dans de nombreuses réformes, sur un rythme cependant moins soutenu qu’en 2018 et dans un climat d’exaspération croissante des tensions politiques et sociales.
Malgré une embellie dans la seconde partie de l’année, les insatisfactions à l’égard du président de la République et du gouvernement restent élevées (Emmanuel Macron : 34 p. 100 de satisfaits, 65 p. 100 de mécontents ; Édouard Philippe : 36 p. 100 de satisfaits, 62 p. 100 de mécontents ; sondage IFOP-JDD du 15 décembre 2019). La préparation des élections municipales de mars 2020, avec pour horizon la présidentielle 2022, les difficultés que rencontrent les partis traditionnels de droite et de gauche à se redresser donnent le sentiment, à la fin de l’année 2019, qu’un nouveau duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen reste une hypothèse hautement envisageable. Enfin, bien qu’agité sur le plan politique et social, le pays a paradoxalement connu en 2019 une légère reprise économique qui s’est traduite par une baisse du taux de chômage d’environ 0,5 p. 100 (INSEE, déc. 2019).
Une politique de réformes à l’épreuve
Le mouvement de protestation des « gilets jaunes », né à la fin de 2018, connaît des prolongations en 2019. Il déclenche de nombreux débats tant au sujet de la politique de maintien de l’ordre (usage des grenades de désencerclement, des lanceurs de balles de défense…), que concernant la complaisance de certains « gilets jaunes » envers les violences commises entre autres par les « black blocs ». Il impose une pause dans le train de réformes engagé par le gouvernement. Une partie du premier semestre est consacrée au grand débat national annoncé par Emmanuel Macron à la fin de 2018 : ouverture de cahiers de doléances dans les mairies, organisation de débats locaux à l’initiative des communes ou de groupements de citoyens, création d’un site Internet destiné à recueillir les réflexions des Français, organisation de conférences de citoyens tirés au sort… L’ensemble des débats est ordonné autour de quatre thèmes prédéfinis par le gouvernement. Le président de la République renoue alors avec son goût pour le débat public au cours de séances marathon, pendant lesquelles il répond en direct aux questions d’intellectuels, de simples citoyens, de maires de France, dans une ambiance souvent tendue, mais où il fait preuve d’une ténacité et d’une capacité à discourir et soutenir ses positions,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias