FRANCE L'année politique 2019
Une timide embellie économique
Malgré les difficultés occasionnées dans certains secteurs de l’économie par le mouvement des « gilets jaunes », la croissance du produit intérieur brut (PIB) paraît se maintenir, même si elle s’essouffle légèrement, avec un taux prévu de 1,2 à 1,3 p. 100 pour 2019 (contre 2,3 p. 100 en 2017 et 1,7 p. 100 en 2018). Après une année 2018 marquée par un fort tassement des créations d’emplois marchands, l’année 2019 est marquée par une diminution sensible du chômage. Le taux de chômage s’établit à 8,5 p. 100 de la population active au printemps. À la fin de 2019, l’INSEE l’estime à 8,3 p. 100, soit son niveau le plus faible depuis 2007.
Quant aux déficits publics, qui avaient connu une forte diminution en 2017, ils se creusent de nouveau. Les mesures destinées à apaiser la crise des « gilets jaunes » à la fin de 2018 ont coûté environ 10 milliards d’euros : gel de la hausse de la taxe sur les carburants, création puis reconduction de la prime annuelle, revalorisation de la prime d’activité, réduction de la CSG pour une partie des retraités, défiscalisation des heures supplémentaires. Ces dispositions s’ajoutent à la réduction de la fiscalité des ménages, ainsi qu’aux difficultés rencontrées pour réduire les dépenses de l’État (et notamment les effectifs de la fonction publique). Aussi la loi de finances du 20 décembre estime-t-elle que le déficit public 2019 dépasse les 3 p. 100 de PIB prescrits par le Pacte de stabilité de l’Union européenne. Le texte prévoit de revenir à 2,2 p. 100 à la fin de 2020, taux cependant supérieur aux engagements pris au printemps 2018. La diminution de l’impôt sur le revenu des ménages devrait en effet coûter 5 milliards d’euros en 2020, auxquels s’ajouteront 1,7 milliard d’euros résultant de la suppression du dernier tiers de la taxe d’habitation pour 80 p. 100 des ménages. La baisse de l’impôt sur les sociétés devrait enfin représenter un manque à gagner de 1 milliard d’euros pour le Trésor. S’ajouteront les dépenses liées au plan pour les hôpitaux, mis en place pour résoudre la situation périlleuse de nombreux services hospitaliers et désamorcer les protestations du personnel soignant : une grève née en mars dans le service d’urgence de l’hôpital Saint-Antoine à Paris s’étend en effet à l’ensemble du monde hospitalier en fin d’année. D’ailleurs, en contradiction avec son programme de campagne de 2017, Emmanuel Macron déclare en novembre à The Economist que la règle des 3 p. 100 est « un débat d’un autre siècle » et plaide pour un soutien budgétaire à la croissance et à l’investissement, suscitant l’étonnement, si ce n’est l’agacement de la BCE et de Bruxelles. La France est en effet, après l’Espagne, le moins bon élève de la classe européenne sur ce plan. En dépit des critiques de la Cour des comptes et de la Commission européenne, la diminution de la dette française (qui frôle 100 p. 100 du PIB) semble donc largement compromise dans l’immédiat. La baisse des taux (l’État emprunte désormais à taux négatif) devrait limiter l’impact de cet endettement sur la charge de la dette.
Selon l’INSEE, la progression du pouvoir d’achat devrait atteindre ou dépasser 2 p. 100 en 2019 (contre 1,2 p. 100 en 2018), sous l’effet notamment de plusieurs mesures gouvernementales : poursuite de la suppression par tranches de la taxe d’habitation pour 80 p. 100 des ménages, baisse des cotisations salariales et mesures liées à la crise des « gilets jaunes ». En conséquence, les dépenses de consommation des ménages progressent légèrement, d’environ 1,2 p. 100 en 2019, contre 0,9 p. 100 en 2018 (chiffre de décembre 2019 ne tenant pas compte des mouvements sociaux de la fin de l’année). Dans ce contexte favorable, les dépenses d’investissement des entreprises s’établissent[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias