FRANCE L'année politique 2019
La France à la recherche d’alliés
En 2019, la France lance de nombreuses initiatives sur la scène internationale. La réunion du G7, fin août à Biarritz, en constitue la partie la plus officielle. Mais les propos d’Emmanuel Macron sur l’OTAN, la Russie et l’élargissement de l’Europe ne manquent pas d’attirer l’attention et parfois de soulever des controverses.
Emmanuel Macron reçoit Vladimir Poutine au fort de Brégançon le 19 août puis, lors de la conférence des ambassadeurs du 27, appelle à un « dialogue constant » avec la Russie, qu’il invite à participer à une « nouvelle architecture de confiance et de sécurité » en Europe. Ces propos suscitent de fortes polémiques parmi les alliés de la France, inquiets des agressions de la Russie contre l’Ukraine et de ses crimes de guerre en Syrie. Le président ajoute : « Nous avons nous aussi un État profond. » Cet emprunt à la droite américaine (et au complotisme) du thème de l’État profond, qui freinerait en sous-main la politique d’ouverture du président, surprend de nombreux commentateurs. Pour Emmanuel Macron, la Russie n’est plus un « ennemi », même si elle reste une « menace ». Le 9 décembre à l’Élysée, la réunion dite au « format Normandie » (réunion à quatre des dirigeants ukrainien, russe, allemand et français) n’apporte cependant guère de progrès à la situation du Donbass ukrainien, occupé par les forces russes. En bloquant les négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord et de l’Albanie à l’Union européenne (octobre), le président confirme que ses positions ont évolué depuis le discours de la Sorbonne de 2017. Enfin, en évoquant la « mort cérébrale » de l’OTAN dans son entretien de novembre accordé à The Economist, il achève de construire son image de dirigeant international soucieux de dépasser, ici encore, le monde ancien au risque de troubler ses alliés.
Si la réorientation de sa diplomatie en direction de l’Asie, sa volonté de s’engager davantage en Europe centrale et orientale ou ses projets pour une politique spatiale plus ambitieuse ne sont guère contestés, les critiques se font vives, y compris au sein de LRM, contre les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, alors que celle-ci bombarde des populations civiles au Yémen. Quant à la mort en opération de plusieurs soldats de l’opération Barkhane au Mali, dont treize dans un accident le 25 novembre, elle devrait conduire la France à une réflexion sur les modalités de son engagement au Sahel, où le chef de l’État essaie par ailleurs d’obtenir l’engagement d’autres pays de l’Union européenne, pour l’instant sans résultat. En annonçant, en Côte d’Ivoire fin décembre, le remplacement du franc CFA par l’« eco », qui restera toutefois arrimé à l’euro, Emmanuel Macron continue de manifester son intention de réduire certains des liens hérités de la période coloniale.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias