FRANCE L'année politique 2019
La France des divisions
L’observateur extérieur ne peut qu’être frappé par l’exacerbation des divisions françaises et des polémiques qui secouent le pays. En septembre, Éric Zemmour, dont le livre Destin français (2018) a été plusieurs mois en tête des ventes, prononce un discours devant la « convention de la droite » réunie par Marion Maréchal. Les propos de plus en plus radicaux du polémiste, déjà condamné pour incitation à la haine raciale et malgré tout embauché par CNews pour des chroniques régulières, provoquent un débat permanent dans l’opinion, notamment sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, certains accusent le président de la République de faire de la surenchère quand il relance les discussions sur l’immigration, allant jusqu’à organiser un débat sur la question à l’Assemblée nationale en octobre. « Lettre aux Français » du président appelant à « renforcer les principes de la laïcité française » (janvier, à l’ouverture du grand débat), propos des ministres Jean-Michel Blanquer et Bruno Le Maire sur le voile islamique, entretien d’Emmanuel Macron accordé en octobre à Valeurs actuelles (journal marqué à la droite de la droite, condamné en 2015 pour provocation à la haine envers les Roms), affichage par le président de ses liens avec Nicolas Sarkozy : autantd’éléments qui ravivent les tensions jusqu’au sein du groupe LRM et sèment le trouble chez les électeurs macronistes venus de la gauche.
Parallèlement, la question écologique s’impose comme l’un des éléments centraux du débat politique. Alors que le président s’était fait le chantre d’avancées majeures dans ce domaine sur le plan international, de nombreuses personnalités politiques et ONG lui reprochent la timidité des mesures prises sur le plan national en la matière (loi énergie et climat de novembre).
Quant à la tension sociale, elle reste vive, variée et soutenue tout au long de l’année. Le mouvement des « gilets jaunes » s’est peu à peu affaibli, dans une atmosphère de violences résiduelles et de polémiques sur les orientations politiques de plusieurs de ses représentants, dont certains sont accusés de pencher ou d’avoir penché à l’extrême droite. Cependant, la contestation sociale a rapidement rebondi, dans les hôpitaux, au sein de l’éducation nationale, dans les palais de justice et les casernes de pompiers, parfois parmi les policiers, et jusque dans le secteur agricole. Le soutien populaire accordé à la grève des transports de la fin de l’année, ou la sympathie affichée pour le mouvement (total légèrement supérieur à 50 p. 100), rappelle enfin que la question de la forme que doit prendre le contrat social pour recueillir le consensus du pays reste pour le moins ouverte.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias