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FRANCE L'année politique 2020

Le gouvernement face à l’opinion

Après le second tour des élections municipales (28 juin), le président de la République remplace le Premier ministre Édouard Philippe par Jean Castex. Magistrat à la Cour des comptes, maire de Prades (Pyrénées-Orientales), chargé de l’organisation du premier déconfinement, haut fonctionnaire, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, Jean Castex est inconnu du grand public. Le nouveau gouvernement est nommé le 6 juillet, les secrétaires d’État le 26. L’ancien sarkozyste Gérald Darmanin est nommé à l’Intérieur ; l’avocat pénaliste médiatique Éric Dupond-Moretti à la Justice ; l'ancienne ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy Roselyne Bachelot à la Culture ; l’écologiste Barbara Pompili à la Transition écologique ; Élisabeth Borne, ancienne ministre de la Transition écologique et solidaire, à l’Emploi et à l’Insertion ; Clément Beaune, ancien conseiller spécial Europe du président, aux Affaires européennes ; l’ancien socialiste Olivier Véran est reconduit au ministère des Solidarités et de la Santé.

Hommage à Samuel Paty - crédits : Pascal Guyot/ AFP

Hommage à Samuel Paty

Si la gestion de la pandémie est la principale préoccupation du gouvernement, celui-ci doit faire face à plusieurs actes terroristes se réclamant de l’islamisme armé, qui endeuillent encore le pays : à Villejuif le 3 janvier (un mort), à Colombes le 27 avril (deux policiers grièvement blessés), à Paris le 25 septembre (deux personnes grièvement blessées devant les anciens locaux de Charlie Hebdo), à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre (assassinat du professeur Samuel Paty, après un cours d’éducation civique sur la liberté d’expression où il avait présenté des caricatures du prophète Mahomet) et à Nice le 29 octobre (trois victimes tuées aux abords et à l’intérieur de la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption). D’autres attentats sont évités par les services de police. Plusieurs procès pour participation ou complicité dans des actes terroristes émaillent par ailleurs l’année 2020. Celui des attentats de janvier 2015 (contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, ainsi que l’assassinat d’une policière à Montrouge) se tient entre le 2 septembre et le 16 décembre. Entièrement filmé « pour l'histoire », comme l’autorise la loi Badinter de 1985, il se solde par des peines de prison de quatre à trente ans. Quant à l’auteur de l’attentat raté du Thalys d’août 2015, il est condamné à la perpétuité et ses complices à des peines de sept à vingt-sept ans de réclusion.

Tenu d’apporter une suite concrète aux discours du président de la République du 4 septembre (150e anniversaire de la République) et du 2 octobre (discours des Mureaux sur la lutte contre les séparatismes), le gouvernement présente un projet de loi confortant le respect des principes de la République(9 décembre). Le projet, un temps baptisé « loi sur le séparatisme », s’efforce de ne pas établir de lien entre islam, radicalisation et actes terroristes. Une partie de l’opinion y voit malgré tout une loi visant particulièrement le culte musulman.

Évacuation de la place de la République à Paris, 2020 - crédits : Jerome Gilles/ NurPhoto/ AFP

Évacuation de la place de la République à Paris, 2020

Le projet de loi sur la sécurité globale est présenté en novembre par Gérald Darmanin, alors que de nouvelles vidéos de violences policières circulent sur les réseaux sociaux. Plusieurs faits divers impliquant des policiers, les actions des « black blocs » et les affrontements au cours des manifestations contre le projet de loi crispent les positions de part et d’autre (novembre-décembre). La presse – quasi unanime –, les organisations de défense des droits de l’homme, plusieurs partis politiques, une partie de la majorité et un grand nombre de citoyens s’inquiètent en particulier de l’article 24 du projet de loi. Soutenu par des syndicats de police, celui-ci prévoit d'interdire la diffusion d’images de tout membre des forces de l’ordre prises « dans le cadre d’une[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification

Médias

Olivier Véran et Jean Castex, 2020 - crédits : Ludovic Marin/ AFP

Olivier Véran et Jean Castex, 2020

Hommage à Samuel Paty - crédits : Pascal Guyot/ AFP

Hommage à Samuel Paty

Évacuation de la place de la République à Paris, 2020 - crédits : Jerome Gilles/ NurPhoto/ AFP

Évacuation de la place de la République à Paris, 2020