FRANCE L'année politique 2020
Une année électorale pas comme les autres
Les élections municipales de 2020 sont elles aussi perturbées par la crise sanitaire. Dans les semaines précédant celles-ci, certains considèrent qu’il est impératif de les reporter et de commencer le confinement du pays dès la fin du mois de février, d’autres voient dans tout report des élections un risque de manipulation politique et une atteinte à la vie démocratique. Non sans hésitations, le gouvernement maintient la tenue du premier tour le 15 mars, tout en imposant des précautions sanitaires (distanciation physique, utilisation de gel hydroalcoolique, mais pas de port du masque, la France en manquant alors cruellement). Effet combiné de la crainte du virus, du désintérêt et de la quasi-absence de campagne dans les rues et les lieux publics, l'abstention est exceptionnellement forte : 55,4 p. 100 (contre 38,7 p. 100 en 2014). 30 143 communes élisent cependant leur conseil municipal à l’issue du premier tour. La désignation des maires a lieu à la fin du mois de mai, après le déconfinement. Mais beaucoup d’entre eux sont mal élus : plus de 500 avec plus de 70 p. 100 d’abstentions et 8 800 avec plus de 50 p. 100 (Le Monde, 6 juin).
Le second tour est reporté au 28 juin. L’abstention est encore plus élevée qu’au premier tour : 58,4 p. 100 (contre 37,9 p. 100 en 2014). Europe Écologie-Les Verts (EELV) est le grand gagnant de ce scrutin : les écologistes remportent Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours, Besançon et Poitiers, et conservent Grenoble. Une écologiste, Michèle Rubirola, devient maire de Marseille. Élue à la tête d’une liste d’union – le Printemps marseillais –, elle démissionnera cependant en fin d’année, pour céder la place à son premier adjoint, le socialiste Benoît Payan. Le PS parvient notamment à conserver Paris, Lille, Rennes, Nantes, Rouen et Brest, et à conquérir plusieurs villes : Montpellier, Nancy, Saint-Denis, Périgueux, Chambéry… Le parti Les Républicains (LR) recule, perdant Marseille et Bordeaux, mais conservant Orléans. L’inexorable déclin du communisme municipal se confirme : même s’il reprend Bobigny et Noisy-le-Sec, le PCF perd Saint-Denis, Aubervilliers, Arles et Gardanne. Enfin, l’échec est quasi total pour le parti présidentiel La République en marche (LRM) et ses alliés, à l’exception de la réélection d’Édouard Philippe au Havre et de François Bayrou à Pau. Quant au Rassemblement national (RN), même s’il conquiert pour la première fois, avec Perpignan, une ville de plus de 100 000 habitants, il perd Le Luc, Mantes-la-Ville et le 7e arrondissement de Marseille. Au total, l’extrême droite perd 627 sièges de conseillers municipaux (Libération, 30 juin).
Le scrutin sénatorial du 27 septembre, qui remet en jeu 172 sièges sur 348, ne bouleverse pas la composition de la Haute Assemblée. Le groupe LR remporte 2 sièges, EELV reconstitue un groupe de 12 sièges, LRM et le PCF gardent le même nombre (respectivement 22 et 15). Le groupe du PS en perd quelques-uns. Sur les 116 sénateurs qui se représentent, 94 conservent leurs sièges. Sans surprise, Gérard Larcher (LR) est réélu à la présidence du Sénat.
Enfin, conformément à l’accord de Nouméa de 1998, les Néo-Calédoniens se prononcent par référendum le 4 octobre sur l’avenir de leur territoire. L’indépendance est rejetée par 53,26 p. 100 des voix, soit un pourcentage moins élevé qu’en 2018 (56,7 p. 100). L'accord de Nouméa de 1998 prévoit la tenue d'un troisième et dernier référendum en 2022.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias