FRANCE L'année politique 2020
Des perspectives incertaines
Au sortir d’une année éprouvante, les perspectives restent incertaines sur tous les plans. La France, encore sous le coup de la deuxième vague de la pandémie, redoute désormais une troisième vague. Les espoirs placés dans la campagne de vaccination qui démarre en décembre pourraient mettre de nombreux mois à se concrétiser. Au-delà de la perturbation des modes de vie et de travail, il faudra beaucoup de temps pour que la société et l’économie françaises retrouvent un semblant de normalité. Nul ne peut encore mesurer les conséquences économiques et sociales de la crise, sur l’emploi et l’activité bien sûr, mais aussi sur les mentalités. Il est encore plus difficile d’imaginer les conséquences qu’aura cette année 2020 sur les comportements politiques des Français, dont certains – sans doute une minorité – se sont ouverts aux sirènes complotistes.
Sur le plan strictement politique, les turbulences seront sans doute importantes. La droite de gouvernement ne trouve pas de leader. La gauche est éclatée et ses dirigeants s’opposent les uns aux autres. Plus fondamentalement, la gauche n’a plus de vision commune en matière d’orientations politiques, que ce soit dans les domaines de l’économie, de l’écologie, de la laïcité, de la politique extérieure, voire du fonctionnement de la démocratie et des institutions. Quant au parti présidentiel, il est peu à peu écartelé entre son aile droite et son aile gauche, catégories qu’Emmanuel Macron prétendait pourtant dépasser. À l’extrême droite, le RN n’est épargné ni par les affaires ni par les divisions. Mais, malgré son recul aux municipales, son poids dans les intentions de vote à la présidentielle reste stable. Ce que certains qualifient de « droitisation » du président de la République poussera-t-elle les électeurs de gauche vers l’abstention en cas de nouveau second tour contre Marine Le Pen, en 2022 ? Les élections régionales et départementales – qui devraient être reportées de mars à juin 2021 en raison de la crise sanitaire –, serviront d’ultime test avant la présidentielle.
Sur le plan international, la pandémie n’a pas atténué les tensions. Les menaces n’ont pas disparu, qu’elles proviennent des puissances autoritaires ou du terrorisme. Après le Brexit, définitif depuis le 31 décembre, la France est le seul membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la seule puissance nucléaire à appartenir à l’Union européenne. Son rôle international reste donc déterminant. Quant au retour des États-Unis dans l’Accord de Paris (promis par le président élu Joe Biden), il permet d’espérer un renouveau du multilatéralisme, ou du moins le retour d’une Amérique plus décente et moins hostile à l’Europe.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias