- 1. Crise sanitaire : vers un retour à la normale ?
- 2. Reprise économique et creusement des inégalités
- 3. Une contestation politique larvée
- 4. Un petit vent de réformes
- 5. Une année électorale sans bouleversements
- 6. La droite sous la pression de l’extrême droite
- 7. L’éternelle division de la gauche ?
- 8. La mémoire au cœur du politique
- 9. Quelle prise de la France sur le monde ?
- 10. Une scène politique française imprévisible
FRANCE L'année politique 2021
Une année électorale sans bouleversements
Reportées de trois mois en raison de la crise sanitaire, les élections régionales et départementales se tiennent les 20 et 27 juin 2021. La participation est généralement assez faible pour ce type d’élections, mais l’abstention est cette fois exceptionnelle. Le recul de la participation est très fort par rapport à 2015 : pour les élections départementales de 16,9 % au premier tour, de 15,6 au second ; pour les régionales de 16,6 % au premier tour, de 23,7 au second. Le phénomène a certainement des causes multiples : campagne électorale entravée par la crise de la Covid-19, offre politique jugée insatisfaisante, absence d’enjeux déterminants perceptibles, lassitude après plus d’un an de crise sanitaire… Le fait est que les élections sont marquées par une stabilité des forces politiques locales.
Les élections départementales – renouvellement de 94 conseils départementaux et de l’assemblée d’Alsace, élection de 4 108 conseillers départementaux – se soldent pour la droite par un gain net de deux présidences de département, pour la gauche par une perte nette de deux présidences, pour le centre par le maintien de ses quatre présidences. Le Parti communiste (PCF) perd la seule présidence qu’il détenait encore (Val-de-Marne). Outre le Val-de-Marne, quatre autres départements basculent à droite : Alpes-de-Haute-Provence, Ardèche, Finistère et Puy-de-Dôme. En revanche, la gauche remporte deux départements gérés par la droite : Charente et Côtes-d’Armor. Quant au parti d’Emmanuel Macron, il gagne deux présidences : l’Eure et la Guadeloupe – la GUSR (Guadeloupe unie, solidaire et responsable) étant affiliée à LRM. Quant au Rassemblement national (RN), il n’obtient aucun département, échouant de peu dans les Pyrénées-Orientales. Il perd six sièges dans l’Aisne et quatre des six sièges qu’il avait conquis dans le Pas-de-Calais en 2015.
Aux élections régionales – qui concernent au total les sièges de 1 757 conseillers régionaux (pour les 12 régions métropolitaines, la Guadeloupe et La Réunion) et de 153 conseillers territoriaux (pour la Corse, la Martinique et la Guyane) –, la droite perd 34 sièges, la gauche en gagne quatre et l’extrême droite en perd 106. En métropole, la carte électorale de 2021 ressemble à celle de 2015, mais la Guyane, La Réunion et la Martinique passent à gauche. Ces élections sont un échec pour LRM, qui ne parvient pas à imposer ses candidats. Mais le principal perdant du scrutin est le RN, qui perd plus de 40 % de ses sièges et ne remporte aucune région, notamment en raison d’une consigne de front républicain en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Un autre scrutin important se déroule à la fin de l’année en Nouvelle-Calédonie. Conformément aux accords de Nouméa du 5 mai 1998, les Néo-Calédoniens se rendent aux urnes pour un troisième et dernier référendum d’autodétermination le 12 décembre 2021. Comme en 2018 et en 2020, l’indépendance est rejetée. Le « non » l’emporte à 96,5 % des suffrages (56,4 % en 2018 et 53,26 en 2020). Mais le taux d’abstention est de 56,13 %. Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) avait en effet demandé le report du scrutin, en raison de la situation sanitaire et sociale du territoire. Le report lui ayant été refusé, le FLNKS avait appelé au boycott du référendum. Les indépendantistes dénient toute légitimité au résultat ; le gouvernement défend quant à lui la stricte légalité d’un processus issu des accords signés en 1998. Indéniablement légal, le scrutin ouvre cependant une période d’incertitude pour la Nouvelle-Calédonie.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias