- 1. Crise sanitaire : vers un retour à la normale ?
- 2. Reprise économique et creusement des inégalités
- 3. Une contestation politique larvée
- 4. Un petit vent de réformes
- 5. Une année électorale sans bouleversements
- 6. La droite sous la pression de l’extrême droite
- 7. L’éternelle division de la gauche ?
- 8. La mémoire au cœur du politique
- 9. Quelle prise de la France sur le monde ?
- 10. Une scène politique française imprévisible
FRANCE L'année politique 2021
La droite sous la pression de l’extrême droite
Après une année d’exposition au grand jour des rivalités entre dirigeants ou ex-dirigeants du parti Les Républicains (LR), la droite finit par trouver un accord en vue de la tenue d’un congrès tenant lieu de « primaire fermée », interne au parti. Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, longtemps persuadé de ses capacités à rassembler la droite sur son nom, et la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse ne sont plus membres de LR, mais le réintègrent à cette occasion. L’élection se tient du 1er au 4 décembre 2021. Les quatre débats télévisés organisés pour l’occasion montrent qu’il y a peu de différences programmatiques entre les candidats. Les principaux thèmes abordés sont l’immigration, la sécurité, l’Europe, mais aussi la relation transatlantique – en septembre, un contrat de vente de sous-marins français à l’Australie a été rompu par Canberra au profit des États-Unis. Les candidats Éric Ciotti et Xavier Bertrand se distinguent par une ligne assez favorable au régime russe et plutôt réservée, sinon hostile, envers l’alliance atlantique et l’OTAN. Il est indéniable que le surgissement en cours d’année de la candidature – putative en juin, officielle en novembre – d’Éric Zemmour, polémiste médiatique d’extrême droite, a lourdement pesé sur les thèmes abordés par chacun des candidats LR. Soucieux de « coller » aux thèmes de prédilection du polémiste, tout en tentant de paraître plus respectables, les candidats de la droite ne donnent guère de précisions sur leur programme, notamment sur les questions économique, sociale, éducative ou environnementale.
Xavier Bertrand et Michel Barnier, l’ancien négociateur du Brexit, étaient considérés comme les favoris du scrutin par la plupart des observateurs. Pourtant, ce sont Éric Ciotti (25,59 %) et Valérie Pécresse (25 %) qui accèdent au second tour. La ligne très « droitière » du premier a profité du phénomène Zemmour. En outre, la moitié des électeurs sont de nouveaux adhérents, ce qui explique en grande partie le démenti subi par les prévisionnistes. À l’issue du second tour, c’est Valérie Pécresse, plus modérée, et à laquelle se sont finalement ralliés les candidats malheureux et les principaux caciques du parti, qui remporte le scrutin avec plus de 60 % des suffrages. Quant à l’ancien président Nicolas Sarkozy, toujours populaire parmi les sympathisants du parti qu’il a fondé – malgré sa condamnation en septembre, en première instance, à un an de prison ferme dans l’affaire Bygmalion –, il ne donne aucune consigne de vote à l’occasion de ces primaires. L’incertitude sur le candidat qu’il choisira de soutenir en 2022 reste donc entière.
À l’extrême droite, Marine Le Pen est sortie affaiblie des élections régionales et continue de pâtir de la mauvaise gestion financière de son parti. À partir de l’été, Nicolas Dupont-Aignan et surtout Florian Philippot (ancien numéro deux du Front national) tentent de profiter des mouvements de protestation contre le passe sanitaire pour occuper l’espace médiatique. Dans ce contexte intervient la candidature d’Éric Zemmour. Fin juin, une importante campagne d’affiches « Zemmour président » ouvre le banc. Longtemps qualifié de « probable candidat », Zemmour se déclare officiellement en novembre, à la veille des primaires de la droite, dans une vidéo crépusculaire postée sur les réseaux sociaux. Plutôt proche de Jean-Marie Le Pen, largement promu, dès avant sa candidature, par la chaîne CNews, propriété du milliardaire Vincent Bolloré, Zemmour était avant tout connu pour ses positions brutales sur l’immigration et l’islam, sa misogynie, son anti-européisme viscéral et ses remises en cause de vérités historiques élémentaires – en particulier la participation spontanée[...]
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias