- 1. Crise sanitaire : vers un retour à la normale ?
- 2. Reprise économique et creusement des inégalités
- 3. Une contestation politique larvée
- 4. Un petit vent de réformes
- 5. Une année électorale sans bouleversements
- 6. La droite sous la pression de l’extrême droite
- 7. L’éternelle division de la gauche ?
- 8. La mémoire au cœur du politique
- 9. Quelle prise de la France sur le monde ?
- 10. Une scène politique française imprévisible
FRANCE L'année politique 2021
La mémoire au cœur du politique
Particulièrement goûtée par le président de la République, la « politique de la mémoire » est intense au cours de l’année 2021.
À la suite du rapport de la commission présidée par l’historien Vincent Duclert, le chef de l’État se rend à Kigali le 27 mai pour reconnaître la « responsabilité accablante » de la France dans le génocide rwandais, tout en se refusant à employer le terme de « complicité ».
L’Algérie reste au cœur de la mémoire française. En janvier, l’historien Benjamin Stora remet à Emmanuel Macron un rapport sur « Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ». Le président de la République s’inspire ensuite de plusieurs recommandations de ce rapport. En mars, il reconnaît la responsabilité de la France dans l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel en 1957. En mars également, afin de faciliter le travail des historiens, il annonce un accès simplifié aux archives classifiées de plus de cinquante ans. En décembre, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, complétera la mesure par l’annonce de l’ouverture, avec quinze ans d’avance, des archives judiciaires de la guerre d’Algérie. En septembre, Emmanuel Macron « demande pardon » aux harkis et leur promet une loi dite « de reconnaissance et de réparation ». En octobre, à propos du massacre d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, il dénonce des « crimes inexcusables » et déclare sans ambiguïté qu’ils ont été commis sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon. Certains regrettent cependant que l’expression « crime d’État » ne soit pas utilisée. Le mois d’octobre est aussi marqué par les propos moins consensuels du président de la République qui, en affirmant que l’Algérie indépendante s’est construite sur « une rente mémorielle » et sur un discours de « haine de la France », provoque un incident diplomatique avec l’Algérie.
L’année mémorielle est également marquée par le bicentenaire de la mort de Napoléon, occasion pour beaucoup d’évoquer les pages sombres du premier Empire, en particulier le rétablissement de l’esclavage. Plus consensuelles ont été les cérémonies d’hommage à Hubert Germain – dernier compagnon de la Libération, mort le 12 octobre à l’âge de cent un ans –, et à Joséphine Baker, qui a fait son entrée au Panthéon le 30 novembre.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias