FRANCE L'année politique 2022
Élections législatives : la fin d’une exception française
En juin, les résultats des élections législatives, qui connaissent également de forts taux d’abstention, sont le reflet logique de ceux de la présidentielle. L’extrême droite confirme son implantation et obtient un nombre inédit d’élus à l’Assemblée nationale. Malgré leur implantation locale, les députés de la droite républicaine n’ont jamais été aussi peu nombreux. LFI domine une gauche dont les candidats ont pour l’essentiel été élus sous la bannière de l’alliance NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), construite autour du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Enfin, le parti présidentiel et ses alliés, rassemblés dans l’alliance « Ensemble ! » (La République en marche [LRM], MoDem et le parti Horizons de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe), perdent la majorité absolue à l’Assemblée. Quant aux candidats de Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour, aucun d’entre eux ne se maintient au second tour.
Plusieurs figures emblématiques du parti présidentiel sont battues : le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, le président du groupe majoritaire, Christophe Castaner, ainsi que plusieurs ministres, telles Amélie de Montchalin et Brigitte Bourguignon. Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et l’ancien Premier ministre de François Hollande rallié à Emmanuel Macron, Manuel Valls, sont éliminés dès le premier tour.
À l’issue du second tour, il manque une trentaine d’élus à la majorité présidentielle pour atteindre la majorité absolue. Cependant, l’opposition est fragmentée. Les composantes de la NUPES choisissent de se répartir en plusieurs groupes, tandis que plusieurs personnalités de gauche comme Carole Delga (présidente de la région Occitanie) ou Stéphane Le Foll (ancien ministre de l’Agriculture de François Hollande, vaincu à la primaire socialiste par Hidalgo) dénoncent l’alliance du PS avec LFI. De son côté, le groupe LR est tiraillé entre un désir d’opposition sans concession et une approche plus pragmatique, dossier par dossier.
Alors que les fondateurs de la Ve République avaient conçu l’Assemblée nationale comme une institution destinée à soutenir la politique du président de la République, les législatives de 2022 font entrer la France dans une forme de normalité démocratique. Le nouveau gouvernement ne peut s’appuyer sur une coalition parlementaire, comme c’est le cas dans la plupart des autres démocraties occidentales. Il ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, ce qui ne lui donne aucune assurance sur la façon de faire passer ses projets de loi.
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Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
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Médias