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FRANCE L'année politique 2023

En 2023, l’agenda des autorités françaises est encore marqué par l’actualité internationale et ses conséquences sur la vie économique et politique du pays. À la guerre menée par Moscou contre l’Ukraine s’ajoute, à compter de l’attaque terroriste et des massacres conduits par le Hamas le 7 octobre, la violente riposte d’Israël sur la bande de Gaza. Les événements internationaux ne sont pas sans conséquence sur le sentiment d’inquiétude partagé par des Français par ailleurs confrontés à l’inflation, à une très faible croissance, à un chômage qui ne recule pas ou très peu et à une grande pauvreté de plus en plus prégnante. En outre, le pays connaît deux attentats terroristes, dont l’un coûte la vie à un professeur de lycée, et plus de quarante Français trouvent la mort dans les attentats du Hamas. Par ailleurs, de nombreux projets d’attaques terroristes d’ultradroite sont déjoués au cours de l’année, la question préoccupant de plus en plus le pouvoir.

L’opinion française s’avère de plus en plus fracturée. L’exécutif dirigé par Élisabeth Borne impose sa réforme des retraites contre une part considérable de la société française et après plusieurs mois de mobilisations syndicales exceptionnelles. Cependant, il ne doit sa victoire qu’à l’usage de l’article 49, alinéa 3 de la Constitution (mars). Faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, l’utilisation de cet article devient pour lui de plus en plus régulière et, en empêchant la représentation nationale de se prononcer, donne l’impression à un nombre croissant de citoyens qu’il gouverne contre le pays. Quant à l’adoption de son projet de loi sur l’immigration (décembre), censé répondre aux « inquiétudes des Français », le gouvernement ne peut l’obtenir qu’au prix de lourdes concessions à la majorité de droite (Les Républicains, LR) du Sénat – dans le cadre d’une commission mixte paritaire – et de la défection d’une partie importante de sa propre majorité à l’Assemblée nationale. Parallèlement, le Rassemblement national (RN), qui a voté le texte en en revendiquant la paternité idéologique, continue sa progression dans les sondages et s’impose alors comme le favori des élections européennes de 2024.

La politique de réformes à l’épreuve

Les événements des années précédentes avaient freiné les ambitions réformatrices du chef de l’État. Après le mouvement des gilets jaunes (2018-2019), les confinements liés à la pandémie de Covid-19 (2020-2021), ainsi que les élections présidentielle et législatives de 2022, Emmanuel Macron entend reprendre le chemin des réformes. Pourtant, cette entreprise s’avère pour le moins délicate en raison de l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, d’une majorité relative elle-même tiraillée entre son aile gauche et son aile droite, d’une opinion sourdement – et souvent ostensiblement – défavorable au pouvoir, ainsi que d’un camp présidentiel peinant de plus en plus à dessiner une ligne politique claire dans une France marquée par le reflux des partis traditionnels et l’affirmation de mouvements « antisystème ». Le destin des deux grandes lois (retraite et immigration) portées par l’exécutif en 2023 démontre amplement dans quelles difficultés se trouve le président pour définir et imposer sa politique.

Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale, mars 2023 - crédits : Alain Jocard/ AFP

Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale, mars 2023

Le projet de réforme des retraites du gouvernement provoque l’une des plus fortes mobilisations sociales qu’ait connues le pays depuis des décennies, sans être toutefois équivalente à celle qui avait marqué les réformes d’Alain Juppé à la fin de l’année 1995. Pendant toute la durée du premier semestre, les principaux syndicats français regroupés en intersyndicale – ce qui acte la rupture entre la CFDT « réformiste » et l’exécutif – prennent la tête de la contestation. Pourtant, ni les journées de mobilisation[...]

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

Classification

Médias

Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale, mars 2023 - crédits : Alain Jocard/ AFP

Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale, mars 2023

Pap Ndiaye et Gabriel Attal - crédits : Emmanuel Dunand/ AFP

Pap Ndiaye et Gabriel Attal

Marche contre l’antisémitisme à Paris, 2023 - crédits : Telmo Pinto/ SOPA Images/ LightRocket/ Getty Images

Marche contre l’antisémitisme à Paris, 2023