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FRANCE L'année politique 2023

De fortes incertitudes économiques

Dans le contexte d’une inflation élevée (5,7 % en moyenne annuelle selon la Banque de France), la croissance française est faible et devrait s’établir autour de 1 % pour l’ensemble de l’année 2023. Malgré une légère reprise de la consommation des ménages, le pays continue d’être pénalisé par ses mauvais chiffres du commerce extérieur. Dans ce contexte, le taux de chômage (7,4 % au troisième trimestre selon l’INSEE) reste élevé quoique relativement contenu.

La loi de finances initiale pour l’année 2024 estime le déficit budgétaire de 2023 à 4,9 % soit, selon l’Agence France Trésor, un montant de 172,1 milliards d’euros, ce qui porterait la charge de la dette à 55,5 milliards d’euros pour l’année. Il faut y voir la conséquence d’un déficit structurel important et de l’effet rémanent des dépenses liées à la crise de la Covid-19. Avec une dette dont le montant s’élève à 3 000 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB, la France connaît une situation particulièrement délicate par rapport à d’autres pays européens. Cela pèse sur sa capacité à terme à réduire tant son déficit budgétaire que son endettement. Malgré ces résultats, l’agence Standard & Poor's maintient la notation du pays à AA (décembre), ce qui permet à la France d’accéder à un refinancement favorable sur les marchés – dont dépend quasiment la moitié de son budget.

De manière plus inquiétante, on assiste à un fort décrochage de la productivité (–3,75 % entre le deuxième trimestre de 2019 et celui de 2023), alors que les autres pays européens connaissent une baisse moins marquée ou une amélioration. Cette évolution est largement due à une augmentation de 6,5 % des effectifs salariés quand la valeur ajoutée n’a progressé que de 2 % pendant la période considérée. Ce décrochage est encore plus spectaculaire par rapport aux États-Unis et au Canada. Il illustre un niveau d’emploi qui se maintient – en particulier pendant la crise sanitaire –, mais aussi une évolution défavorable de la croissance et des niveaux de salaire, et pourrait bien entraîner, à terme, une remontée significative de la courbe du chômage.

Cette situation ravive le désarroi des Français : pour 77 % d’entre eux, l’année 2023 a constitué une mauvaise année pour le pays. Une enquête IPSOS de décembre montre qu’ils placent en tête de leurs inquiétudes le niveau de l’inflation (52 %), les difficultés en matière de pouvoir d’achat (44 %) et l’avenir du système de santé (43 %). Toutefois, celui du système des retraites (20 %), le niveau de la dette et des déficits publics (17 %), le niveau du chômage (10 %) et les conditions de travail (9 %) ne font pas partie de leurs préoccupations principales.

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Écrit par

  • : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris

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Médias

Élisabeth Borne à l’Assemblée nationale, mars 2023 - crédits : Alain Jocard/ AFP

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Marche contre l’antisémitisme à Paris, 2023 - crédits : Telmo Pinto/ SOPA Images/ LightRocket/ Getty Images

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