FRANCE (Le territoire et les hommes) Géologie
L'Europe centrale et occidentale contraste avec la plupart des autres masses continentales par le compartimentage de son relief et du tracé de son littoral, compartimentage qui traduit celui de sa structure géologique et explique sans doute certains aspects de son développement historique. On peut cependant, malgré les irrégularités de leurs tracés, distinguer de grandes zones, correspondant aux phases successives de plissement, chaque phase reprenant d'ailleurs en partie les terrains affectés par les précédentes (fig. 1). Pour chacune de ces zones, les terrains déformés peuvent affleurer, ou constituer le substratum érodé d'une plate-forme recouverte de sédiments postérieurs, restés sensiblement horizontaux. Du sud au nord et en allant des plus récentes aux plus anciennes, on trouve d'abord la zone alpine (qui s'étend également dans le Maghreb : cf. chaînes alpines), où des mouvements très intenses, au Crétacé et surtout au Cénozoïque, ont intéressé une série de terrains mésozoïques, principalement marins (déposés dans une mer dont la Méditerranée serait le reste : cf.téthys), ainsi que leur substratum, affecté comme dans la zone suivante par les déformations varisques ou hercyniennes de la fin du Paléozoïque. Profondément érodée, la plate-forme hercynienne constitue le substratum des plaines du nord de l'Europe. La chaîne calédonienne, plus ancienne (Paléozoïque inférieur), occupe l'Écosse et la Norvège, mais ses éléments sont repris dans la chaîne hercynienne, de même que sont repris certains des témoins des orogenèses protérozoïques (ainsi, le Penthévrien et le Briovérien dans le Massif armoricain), qui constituent principalement le bouclier balte ou massif svécofennide (Suède et Finlande) et le substratum d'une partie de la plate-forme russe couverte de sédiments horizontaux.
En Europe, la France est le seul pays qui s'étende de la Méditerranée, et des chaînes alpines qui entourent celle-ci, jusqu'aux plaines du Nord, à substratum hercynien. Malgré cette diversité, elle doit son unité à la facilité des communications, due à l'interruption des Alpes, qui s'arrêtent à la vallée du Rhône ou s'incurvent à son approche, la barrière des chaînes tertiaires ne reprenant que dans les Pyrénées. Cette interruption brutale des Alpes vers l'ouest s'accompagne d'un morcellement et d'une fracturation de la plate-forme hercynienne ; d'où résulte l'individualisation des « massifs » et des « bassins ». Dans les années 1830, Élie de Beaumont soulignait le contraste entre le Bassin parisien, au nord, lieu de convergence entouré de massifs anciens (Massif armoricain, Ardennes, Vosges), et le Massif central, pôle divergeant vers les bassins de l'Aquitaine, du Languedoc, de la Bresse. Image sans doute trop simple, car l'individualisation des bassins et des massifs s'est préparée de loin : il faut souligner le rôle des grandes cassures, le long desquelles le coulissement a atteint plusieurs dizaines de kilomètres à l'époque des plissements hercyniens : sillon de Bretagne, Grand Sillon houiller, faille de Villefort se prolongeant sous les Limagnes.
Ce socle hercynien, en général érodé assez profondément pour que l'on ait l'impression d'en observer des parties profondes, se présente diversement (cf. massifs hercyniens). Dans le cas le plus simple, il est constitué de terrains sédimentaires plissés (Ardennes, Massif armoricain, Montagne Noire) ; il est alors relativement facile d'y reconnaître les éléments repris d'une orogenèse antérieure : massif calédonien de Rocroi, Briovérien du Massif armoricain, zone axiale de la Montagne Noire. Mais lorsque le Paléozoïque lui-même est métamorphique, la distinction des blocs repris des orogenèses antérieures devient beaucoup plus délicate, et elle a fait l'objet[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Jean COGNÉ : professeur à la faculté des sciences de Rennes
- Michel DURAND-DELGA : professeur émérite à l'université Paul-Sabatier, Toulouse, correspondant de l'Académie des sciences
- François ELLENBERGER : professeur émérite à l'université de Paris-Sud
- Jean-Paul von ELLER : professeur au lycée d'Aix-en-Provence
- Jean GOGUEL : ingénieur général des Mines, ancien directeur du service de la carte géologique de France
- Charles POMEROL : professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Maurice ROQUES : doyen de la faculté des sciences de Clermont-Ferrand
- Étienne WINNOCK : ingénieur géologue, chef géologue à la Société nationale Elf Aquitaine
Classification
Médias