FRANCE (Le territoire et les hommes) Géologie
Massif armoricain
Fragment isolé vers l'ouest de la « cordillère de l'Europe moyenne » érigée à la fin des temps primaires, le Massif armoricain est constitué essentiellement d'un socle protérozoïque et d'une couverture paléozoïque, étagée du Cambrien au Carbonifère.
Héritant ses structures actuelles de la superposition de trois cycles orogéniques – les deux premiers étant du Protérozoïque supérieur (Précambrien), le dernier d'âge hercynien –, cet ensemble est en outre profondément atteint, au nord et au sud, par des phénomènes métamorphiques puissants et par l' intrusion de nombreux massifs cristallins, principalement granitiques.
Dans son état actuel, résultat direct de cette succession d'événements, le Massif armoricain apparaît donc comme une chaîne polygénique, formée de plis hercyniens orientés approximativement est-ouest, séparés par des éléments de socle. Ouverts légèrement en éventail vers l'est-sud-est dans leur partie orientale, en direction du Massif central et des Vosges, ces plis se resserrent dans leur partie occidentale où ils amorcent une inflexion vers le sud-ouest en direction de la Meseta ibérique. Dans ce complexe, on reconnaît plusieurs « domaines » (fig. 6).
Domaine des grands synclinaux paléozoïques
Vers l'est et le nord-est, en Bretagne centrale ou orientale et dans les régions du golfe normano-breton, le domaine des grands synclinaux paléozoïques présente une couverture épicontinentale plissée, discordante sur un socle précambrien. Cette couverture, souvent peu épaisse, à dominante détritique, coupée de lacunes liées à des régressions locales, caractérise des mers généralement peu profondes : au cœur du géosynclinal préhercynien d'Europe moyenne et occidentale, la région armoricaine appartenait pendant le Paléozoïque à une zone de rides toujours voisines de l'émersion (axe Armorique-Bohême). Le caractère « interne » de cette zone et sa mobilité magmatique sont confirmés par la mise en place tardive des derniers granites précambriens de Normandie et du Maine (granites mancelliens), puis par les divers volcanismes qui accompagnent la sédimentation paléozoïque (kératophyres cambriens, kératophyres et spilites dévono-dinantiens).
Le morcellement actuel de cette couverture, plissée à la fin du Paléozoïque, est lié à l'érosion et à la pénéplanation post-hercynienne, et seuls subsistent maintenant les creux synclinaux de Normandie, de Bretagne moyenne (synclinorium médian), de Bretagne méridionale et d'Anjou (synclinorium de Saint-Julien-de-Vouvantes), auxquels s'ajoutent les écailles cambro-siluriennes de Vendée.
Dans les vastes anticlinaux intermédiaires s'observent les différents faciès du socle précambrien, constitué principalement d'une épaisse série sédimentaire géosynclinale, le Briovérien (— 850 à — 600 Ma), plissée avant le Cambrien lors de l'orogenèse « cadomienne ». À cette orogenèse se rattachent les métamorphismes « domnonéen » (Bretagne septentrionale) et « ligérien » (Bretagne méridionale), ainsi que la mise en place terminale des granites mancelliens. Le Briovérien repose lui-même en discordance sur un socle plus ancien, le Pentévrien (— 1 300 à — 1 000 Ma), défini en baie de Saint-Brieuc. Constitué de gneiss et granitogneiss dioritiques, le Pentévrien apparaît en noyaux dissociés sous le Briovérien inférieur depuis le nord du Cotentin (nez de Jobourg) et les îles Anglo-Normandes (Guernesey) jusqu'aux confins nord-finistériens (massif du Léon).
Le cycle cadomien, immédiatement antérieur au Cambrien, s'apparente, par sa sédimentation géosynclinale (Briovérien) et ses structures, à la dernière chaîne protérozoïque d'Europe moyenne (chaîne cadomienne, dite encore assyntique ou baïkalienne), sur laquelle viendra se mouler directement l'édifice[...]
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Écrit par
- Jean AUBOUIN : membre de l'Institut
- Jean COGNÉ : professeur à la faculté des sciences de Rennes
- Michel DURAND-DELGA : professeur émérite à l'université Paul-Sabatier, Toulouse, correspondant de l'Académie des sciences
- François ELLENBERGER : professeur émérite à l'université de Paris-Sud
- Jean-Paul von ELLER : professeur au lycée d'Aix-en-Provence
- Jean GOGUEL : ingénieur général des Mines, ancien directeur du service de la carte géologique de France
- Charles POMEROL : professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
- Maurice ROQUES : doyen de la faculté des sciences de Clermont-Ferrand
- Étienne WINNOCK : ingénieur géologue, chef géologue à la Société nationale Elf Aquitaine
Classification
Médias