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FRANCE (Le territoire et les hommes) Un siècle de politique économique

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          1945-1973 : le « miracle français »

          De la fin de la guerre à la première crise du pétrole, la France connaît un taux de croissance exceptionnel (tabl. 1) , mais plus encore des progrès qualitatifs remarquables : l'investissement et les gains de productivité se situent à des niveaux très élevés, supérieurs à la moyenne de l'OCDE. (tabl. 2)

          Taux de croissance annuel du P.I.B. - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Taux de croissance annuel du P.I.B.

          Économie entre 1960 et 1973 - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Économie entre 1960 et 1973

          La modernisation par l'État

          Les tendances au pouvoir après la Seconde Guerre mondiale – gaullistes, démocrates-chrétiens, socialistes, communistes – partagent la même volonté de changement, même si elles ne donnent pas tout à fait le même sens à ce terme. Ainsi, selon Pierre Rosanvallon, « la notion de malthusianisme joue après 1945 le même rôle que celle d'Ancien Régime après 1789 : elle permet le consensus, comme si la dénonciation du vieux suppléait l'indétermination du neuf ».

          Un élément clé de ce consensus repose sur le rôle attribué à l'État dans la modernisation de l'économie, puisque le patronat en paraît incapable. Moralement, il semble discrédité, comme le rappelle Pierre Lefaucheux, premier président de la Régie Renault nationalisée : « La faillite du capitalisme n'avait pas été clairement établie par les difficultés économiques de la période 1919-1935. Elle est apparue d'une manière éclatante lorsque toute une partie du patronat de 1940 s'est ruée vers la collaboration. » Le capitalisme français paraît surtout trop faible pour soutenir et financer l'effort de modernisation. L'argument qui vaut pour les houillères, dispersées et vétustes, s'étend aux secteurs de pointe comme l'aéronautique pour laquelle l'ampleur des investissements dépasserait les moyens du privé. Dans le cas de l'électricité, où la concentration était déjà bien entamée avant 1939, on insiste sur l'indispensable harmonisation du réseau, la nécessité de lancer un vaste programme hydroélectrique et l'idée que l'organisation du secteur débouchera sur un monopole que l'État seul pourra assumer.

          Cette condamnation n'est pas le fait de la seule gauche. Le général de Gaulle acquiesce pour l'essentiel. Même s'il s'oppose à certaines nationalisations (sidérurgie), il justifie leur principe : « C'est à l'État, aujourd'hui comme toujours, qu'il incombe de bâtir la puissance nationale, laquelle, maintenant, dépend de l'économie. Tel est à mes yeux le motif principal des nationalisations, de contrôle, de modernisation. »

          Ces nationalisations se déroulent en trois vagues. D'abord, une série d'ordonnances, jusqu'en juin 1945, où passent sous le contrôle public Renault et Gnome et Rhône, considérées comme coupables de collaboration, mais aussi les transports aériens, Sciences po, tandis que les mines de charbon sont réquisitionnées. De décembre 1945 à juin 1946 sont ensuite votées des lois qui entérinent les plus importantes acquisitions du secteur public : la Banque de France et les quatre grandes banques de dépôt (Société générale, Crédit lyonnais, Banque nationale du commerce et de l'industrie, Comptoir national d'escompte), le gaz et l'électricité, les charbonnages ainsi que trente-quatre compagnies d'assurances. En 1948, enfin, ces mesures sont complétées par la prise de contrôle de la marine marchande et la création de la RATP.

          Aux nationalisations il convient d'ajouter la création de nombreux organismes publics destinés à encadrer l'économie : Bureau de recherche pétrolière, Commissariat à l'énergie atomique... L'accent est mis sur l'effort de recherche, comme le confirme la création du CNRS.

          Bien d'autres réformes décisives doivent être portées au crédit de cette période. La plus importante concerne la planification avec la création, en janvier 1946, du Commissariat général[...]

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          Écrit par

          • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'histoire, enseignant en classe préparatoire
          • : maître de conférences en sciences économiques

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          Taux de croissance annuel du P.I.B. - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Taux de croissance annuel du P.I.B.

          Économie entre 1960 et 1973 - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Économie entre 1960 et 1973

          Économie française dans la crise - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Économie française dans la crise