FRANCE (Le territoire et les hommes) Un siècle de politique économique
Capitale | Paris |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
66 147 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
45 860 $ (2022) |
La crise, un révélateur
Chocs pétroliers et difficultés internes
La crise des années 1970 affecte spécialement la France pour de nombreuses raisons.
Sa dépendance énergétique est particulièrement élevée (les importations représentent 75 p. 100 de la consommation d'énergie en 1973), et le franc reste faible, ce qui alourdit considérablement la facture énergétique (largement réglée en dollars) : elle passe de 15 à 152 milliards de francs entre 1973 et 1984. Les tendances inflationnistes, déjà fortes auparavant, s'accentuent encore et la hausse des prix atteint 14 p. 100 en 1974. Le profit des entreprises avait déjà diminué entre 1968 et 1973 ; il chute encore, et leur taux d'épargne passe de 17 p. 100 en 1967 à 14 p. 100 en 1973 et 11 p. 100 en 1979.
Cette constatation rappelle que la crise n'a pas que des origines externes : les difficultés du système tayloriste, le malaise de l'OS, l'endettement des entreprises, la saturation qui apparaît pour certains produits (acier, logements), la fin du baby-boom (l'indicateur de fécondité tombe à 1,8 dans les années 1980) sont autant d'éléments qui contribuent à faire entrer l'économie en crise.
Celle-ci se manifeste, comme ailleurs, par le phénomène de stagflation qui ajoute à l'inflation (10,7 p. 100 par an entre 1973 et 1979) le ralentissement de la croissance : le PIB n'augmente plus que de 2,8 p. 100 annuellement entre les mêmes dates. L'effectif des chômeurs progresse régulièrement, comme de façon inéluctable, franchit la barre du million en 1976 et atteint 1,7 million en mai 1981. L'équilibre commercial est compromis et le déficit devient la règle, sauf en 1975 et en 1978 (tabl. 3).
Face à cette situation, la politique conjoncturelle semble hésiter. Les premières mesures tardent, à cause de la maladie de Georges Pompidou puis de l'élection présidentielle de 1974, gagnée par Valéry Giscard d'Estaing. Après un bref plan de refroidissement en juin 1974, le programme adopté en 1975 par le Premier ministre Jacques Chirac vise à relancer l'activité grâce à des aides aux entreprises. La croissance se redresse, mais le chômage ne diminue pas et le déficit commercial réapparaît. Aussi, en septembre 1976, Raymond Barre devient-il Premier ministre tout en assumant directement la direction de l'économie et des finances. Il condamne la « politique de l'escarpolette » et met l'accent sur la défense du franc : un franc fort permettra de réduire la facture pétrolière, soutiendra l'internationalisation des entreprises et les forcera à un véritable effort de compétitivité. La France adopte des méthodes inspirées par les théories monétaristes, tel le contrôle de la progression de la masse monétaire selon des normes définies à l'avance. Le second choc pétrolier (1979-1980) compromet pourtant ces efforts et conduit à adopter un second plan Barre, plus orienté vers la création d'emplois.
Choix libéraux et « socialisme rampant »
La présidence de Valéry Giscard d'Estaing aboutit à de nouvelles orientations. L'intervention de l'État est contestée : les entreprises doivent devenir adultes et moins dépendre des administrations. Aussi le VIIe plan (1975-1980) paraît-il peu contraignant, qui met l'accent sur vingt-cinq programmes d'action prioritaire (PAP) ; le VIIIe plan ne comporte même aucune référence chiffrée. Le symbole le plus net de cette volonté de désengagement reste la libération progressive des prix à laquelle s'attache le ministre de l'Économie René Monory.
Le deuxième axe de la nouvelle politique consiste dans l'attention portée aux problèmes des entreprises. La libération des prix vise d'ailleurs à leur permettre de reconstituer leurs marges. Toute une série de mesures concernent plus précisément les PME, comme la réforme[...]
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Écrit par
- Pascal GAUCHON : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'histoire, enseignant en classe préparatoire
- Philippe LÉGÉ : maître de conférences en sciences économiques
Classification
Médias