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FRANCE (Le territoire et les hommes) Un siècle de politique économique

Capitale

Paris

    Unité monétaire

    Euro (EUR)

      Population (estim.) 66 147 000 (2024)
        R.N.B. par habitant (USD) 45 070 $ (2023)

          Le revirement des années 1980 et ses suites

          À contretemps par rapport à la conjoncture internationale, la politique de relance menée par la gauche s'est rapidement heurtée à la « contrainte extérieure ». Certes, l'éventualité d'une dévaluation préventive avait été discutée dès les premiers mois d'exercice du nouveau gouvernement. Elle aurait pu permettre de dégager des marges de manœuvre pour une telle politique, mais cette option avait été abandonnée, afin de ne pas envoyer un message jugé trop agressif à la communauté économique internationale.

          Le retrait de l'État

          Quoi qu'il en soit, la relance isolée conduit à une dégradation du solde extérieur et rend nécessaire une mini-dévaluation de 3 p. 100 en octobre 1981. Celle-ci ne suffit pas à rétablir le commerce extérieur et les menaces continuent à peser sur le franc. Les difficultés rencontrées conduisent le gouvernement, à l'initiative de Jacques Delors, à opérer, dès juin 1982, un tournant vers la rigueur. Une deuxième dévaluation (de 5,75 p. 100) s'accompagne d'un blocage conjoint des prix et des salaires. Ce tournant sera confirmé en mars 1983, avec un nouveau plan d'austérité (le terme est alors assumé) assorti d'une troisième dévaluation, de 8 p. 100. L'objectif est de casser l'inflation qui atteint alors près de 12 p. 100 en rythme annuel. Le moyen retenu est la désindexation des salaires : il faut empêcher la « boucle prix-salaires » de fonctionner, autrement dit freiner les salaires en les déconnectant de la progression des prix, de manière à réduire le taux d'inflation. Cette politique est engagée dans le secteur public, elle exerce un effet d'entraînement sur le secteur privé, et elle réussit : l'inflation ralentit de manière spectaculaire, puisqu'elle passera de 12 p. 100 en 1982 à 3,1 p. 100 en 1988.

          Dans cette opération, les salaires n'ont pas été seulement déconnectés de l'inflation : ils l'ont été aussi des gains de productivité, de telle sorte que la part des salaires dans le revenu national baisse de 7 points entre 1982 et 1988, passant de 66,6 p. 100 à 59,6 p. 100. Il s'agit là d'une transformation radicale de la dynamique salariale qui marquera les années à venir. À l'époque, elle était justifiée par le « théorème de Schmidt » (du nom du chancelier allemand) énonçant que « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain ». En rétablissant les marges des entreprises grâce à la modération salariale, on rétablissait leur capacité d'investir et donc, à terme, de créer des emplois. Ce tournant vers la modération salariale a été suivi de plusieurs autres qui correspondent à autant de ruptures avec la logique incarnée par l'arrivée de la gauche au pouvoir.

          Le choix de rester à l'intérieur du SME (système monétaire européen) signifie l'abandon de la dévaluation compétitive et le passage à la « désinflation compétitive » dont les principes seront ainsi résumés par Jean-Claude Trichet : « une politique monétaire visant à la meilleure maîtrise possible de l'inflation ; une politique de finances publiques équilibrée ; une politique de maîtrise des coûts dans l'économie visant à assurer à notre secteur productif la meilleure compétitivité possible dans son environnement naturel de marché qui est l'Europe ; enfin, une politique de réformes structurelles, visant à donner à notre économie le plus grand dynamisme possible et à y développer la concurrence ».

          Cette recherche de la compétitivité par la maîtrise des coûts implique une remise en cause des fonctions imparties au secteur public et nationalisé. En 1983, Jean-Pierre Chevènement, jusque-là ministre de l'Industrie, avait refusé de participer au nouveau[...]

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          Écrit par

          • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'histoire, enseignant en classe préparatoire
          • : maître de conférences en sciences économiques

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