FRANCE (Le territoire et les hommes) Un siècle de politique économique
Capitale | Paris |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
66 147 000 (2024) |
R.N.B. par habitant (USD) |
45 070 $ (2023) |
Les évolutions depuis la crise de 2008
Depuis le milieu des années 1980, le fil directeur de la politique économique avait été de préparer la France à son insertion dans une économie mondialisée. C'était l'objectif de la désinflation compétitive qui ouvrait la longue marche vers l'euro. La signature de l'Acte unique en 1986 a scellé l'abandon de la politique industrielle fondée sur les champions nationaux adossés aux marchés publics et fait du marché unique le nouvel horizon des politiques économiques. Le traité de Maastricht, ratifié par référendum en 1992 adébouché sur la mise en place de l'euro le 1er janvier 1999.
Cette stratégie a été mise à l’épreuve par la crise ouverte en 2008. Celle-ci a fonctionné comme un test conduisant à un bilan provisoire de la politique économique menée en France depuis vingt-cinq ans.
L’impact de la crise
La récession amorcée à l’automne 2008 est un peu moins prononcée en France que dans les autres grands pays européens. En revanche, elle est bien plus marquée qu’en 1975 et 1993 : le PIB de la France baisse de près de 3 p. 100 en 2009. La consommation des ménages se maintient mais la chute de l’investissement est sévère. L’ajustement de l’emploi est plus faible que ce que l’on aurait pu attendre, compte tenu de la chute de l’activité. Environ 450 000 emplois ont été détruits dans les secteurs marchands en 2008-2009.
Pour quelles raisons la France figure-t-elle parmi les pays d'Europe les moins durement frappés ? Rétrospectivement, on réalise que sa croissance était relativement saine et n'était pas gonflée artificiellement par le surendettement des ménages ou par des bulles financières ou immobilières. La France a été moins touchée que d'autres pays par le repli des exportations, dans la mesure où la consommation constitue le principal moteur de cette croissance. Enfin, l'importance de l'épargne des ménages (aux alentours de 15 p. 100 depuis le début des années 1990) et des stabilisateurs sociaux, autrement dit des dispositifs garantissant le soutien des revenus en période de récession, a contribué à cette résilience. Outre l’effet stabilisateur de la protection sociale et des services publics, quelques mesures contracycliques exceptionnelles ont atténué la récession : prime à la casse (aide financière au remplacement d’un véhicule de plus de 10 ans), augmentation du contingent d’heures de chômage partiel et de sa prise en charge par l’État, exonération totale des cotisations patronales au niveau du SMIC dans les très petites entreprises, etc.
De nombreux salariés du secteur manufacturier sont contraints d’utiliser leur compte épargne-temps. Mais le faible nombre de plans de licenciement, comparé à la récession de 1993, a pour contrepartie la chute de l’emploi intérimaire, l’austérité salariale et l’essor des contrats de très court terme. En outre, le rebond de l’activité survenu en 2010 est éphémère. Les plans de restriction budgétaire adoptés simultanément par les pays développés étouffent la reprise. Le taux de chômage au sens du BIT est passé de 6,8 p. 100 au premier trimestre 2008 à 9,1 p. 100 au premier trimestre 2012. Il continue ensuite d’augmenter et se maintient au-dessus de 10 p. 100 durant quatre ans (2013-2016). Autre problème : le déséquilibre entre la production et la consommation de biens s’aggrave. Le taux de couverture (qui rapporte la valeur des exportations à celle des importations) tombe à 86,7 p. 100 en 2009. En 2011, la balance commerciale hors énergie accuse un déficit de 25 milliards d’euros.
Ainsi, la crise amplifie deux points faibles de l’économie française : le chômage s'installe et le déficit commercial se creuse. En outre, comme dans tous les pays industrialisés, la perte d’activité amoindrit les recettes fiscales et provoque une dégradation des[...]
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Écrit par
- Pascal GAUCHON : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé d'histoire, enseignant en classe préparatoire
- Philippe LÉGÉ : maître de conférences en sciences économiques
Classification
Médias