- 1. Un nouveau gouvernement pour une nouvelle politique ?
- 2. Un risque économique majeur
- 3. Une société qui doute
- 4. Les « affaires » continuent
- 5. La politique européenne et internationale de la France entre rupture et continuité
- 6. La droite en crise
- 7. La gauche à l'épreuve de sa pluralité
- 8. Des questions en suspens
FRANCE L'année politique 2012
Un risque économique majeur
L'année 2012 voit la forte médiatisation de maux anciens, qui semblent aller en s'aggravant : coût du travail trop élevé ; investissement privé insuffisant ; faible nombre d'heures travaillées ; manque de spécialisation de l'économie ; nombre trop réduit d'entreprises de taille intermédiaire, ce qui induit de trop faibles performances à l'export, les exportations étant elles-mêmes trop peu orientées vers les marchés à forte croissance et pas suffisamment positionnées dans le haut de gamme ; dépense publique la plus élevée d'Europe après celle du Danemark – d'où certains doutes sur la mise en œuvre effective des coupes budgétaires annoncées par le gouvernement, certains dérapages étant constatés en fin d'année ; tendance continue à la désindustrialisation – avec une diminution d'un quart de l'emploi industriel en vingt ans −, non compensée par un dynamisme suffisant du secteur des services. Les tendances observées les années précédentes se sont accentuées : le nombre de chômeurs dépasse ainsi les 3 millions (plus de 10 p. 100 de la population active), le chômage augmentant en novembre pour le dix-neuvième mois consécutif (247 500 personnes de plus se sont inscrites à Pôle Emploi de mai à novembre 2012), frappant de manière particulièrement dure les jeunes et les moins diplômés. En outre, dans des bassins d'emploi totalement sinistrés et les banlieues dites sensibles, le taux de chômage dépasse les 30 p. 100, la grande pauvreté augmente et certains craignent les effets, dans ce contexte, des mesures d'austérité.
Après une croissance du P.I.B. de 1,7 p. 100 en 2011, celle de 2012 devrait être nettement plus faible, se situant sans doute aux alentours de 0,3 p. 100, alors que les économistes s'accordent pour estimer qu'elle doit être de 1,6 p. 100 pour que le chômage diminue. Le commerce extérieur continue, comme en 2011, d'enregistrer des résultats préoccupants (déficit de plus de 73 milliards d'euros), malgré la signature de quelques grands contrats, notamment la vente d'Airbus à la Chine. La production industrielle reste inférieure à ce qu'elle était en 2008, avant la crise économique mondiale. La consommation résiste toutefois assez bien, les Français puisant dans leur épargne pour compenser la stagnation du pouvoir d'achat.
Seul point positif, malgré la dégradation de la note de la France, qui perd son triple A, par Standard & Poor's en début d'année, puis par Moody's en fin d'année, le taux des emprunts est à son plus bas niveau historique, ce qui pourrait contribuer à diminuer la croissance du poids de la dette, qui dépassera toutefois 90 p. 100 du P.I.B. en 2012.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas TENZER : président du Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique, enseignant à Sciences Po, Paris
Classification
Médias