DE SANCTIS FRANCESCO (1817-1883)
« Ma vie a deux pages, l'une littéraire et l'autre politique, écrivait Francesco De Sanctis en 1869 ; ce sont deux devoirs que j'accomplirai jusqu'au bout. » S'il est vrai que son rôle politique en Italie ne fut pas négligeable, on retient surtout aujourd'hui sa conception originale de l'art comme forme, malheureusement limitée par un moralisme intransigeant.
Un critique militant
Francesco De Sanctis est né à Morra Irpina dans la province d'Avellino. Quand il eut neuf ans, on l'envoya étudier à Naples chez un oncle qui dirigeait une école privée. Les religieux qui s'occupèrent de sa première éducation firent de lui un lettré frotté d'humanisme, dont la culture et la sensibilité étaient celles d'un homme du xviiie siècle. En 1834, une maladie de son oncle l'obligea à interrompre ses études juridiques pour commencer à enseigner à son tour ; il continua par ailleurs à se perfectionner en suivant les leçons du marquis Basilio Puoti, un puriste pour qui la littérature s'arrêtait au xvie siècle. Le disciple devint bientôt un maître, en 1839, à l'école de Vico Bisi où il découvrit l'illuminisme français et italien, puis subit l'influence du néo-catholicisme et de la philosophie moderne, de Sismondi à Hegel en passant par Augustin Thierry et Kant.
La révolution de 1848 vint l'arracher à ses occupations. On le vit sur les barricades aux côtés des insurgés. Après l'échec du soulèvement, il préféra fermer son école plutôt que subir l'examen de catéchisme exigé par la loi. Dénoncé comme conspirateur, il fut arrêté et passa trente-deux mois en prison (1850-1853). Condamné au bannissement à vie, il se réfugia à Turin après sa libération. Ses cours sur Dante (1854-1855) lui valurent alors d'obtenir une chaire de littérature italienne à l'École polytechnique de Zurich, où il resta quatre ans pendant lesquels, à l'occasion de cours publics, il eut la possibilité d'élaborer sa méthode. Quand Garibaldi débarqua en Sicile, il accourut à Naples pour être nommé gouverneur de la province d'Avellino. Plusieurs fois ministre de l'Instruction publique, il fut pendant plus de vingt ans élu à la Chambre, dirigea le quotidien L'Italia (1863-1865), organe de la jeune gauche, et enseigna à l'université de Naples de 1871 à 1877, restant ainsi fidèle à lui-même. Malgré cette activité politique intense, cette période est celle de ses grandes œuvres : les Essais critiques (Saggi critici, 1866), Nouveaux Essais critiques (Nuovi Saggi critici, 1872), Essai critique sur Pétrarque (Saggio critico sul Petrarca, 1869) et l'Histoire de la littérature italienne (Storia della letteratura italiana, 1870-1871). Elles donnent une idée de sa méthode qu'il n'a jamais définie autrement que par des réflexions au sujet des ouvrages examinés.
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Écrit par
- Norbert JONARD : professeur de langue et littérature italiennes à l'université de Dijon
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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