FRANCHE-COMTÉ
Une terre d'industrie
Le profil économique de la Franche-Comté apparaît, à bien des égards, paradoxal. Malgré des allures campagnardes, elle est l'une des régions les plus industrialisées de France en proportion de l'emploi. Malgré une topographie et un climat contraignants, elle dispose de productions agricoles d'une grande notoriété. En dépit d'atouts naturels et patrimoniaux remarquables, elle n'a qu'une activité touristique d'estime et demeure une région où l'on passe mais s'arrête peu. Enfin, les activités du tertiaire, en particulier dans les services aux entreprises, restent peu développées malgré l'ancienneté de son histoire industrielle.
L'industrie, en effet, remonte à une époque où le sel, les eaux vives et les forêts ont fait naître un peu partout une proto-industrie active, pendant que de multiples productions artisanales permettaient d'occuper les longs hivers du haut pays. Les initiateurs allogènes furent nombreux également : horlogers suisses, industriels alsaciens du textile et des constructions mécaniques, plus tard entrepreneurs de la plasturgie de la région d'Oyonnax. Mais la Franche-Comté fut aussi une terre de capitaines d'industrie, avec le rôle décisif des dynasties Japy et Peugeot dans le nord de la région, dès le xixe siècle. En 2012, l’emploi industriel représentait 21,2 p. 100 de l’emploi total (comparés aux 12,7 p. 100 pour la France métropolitaine) mais l’industrie a dû faire face, depuis les années 1980, à la remise en cause du modèle fordiste, à l'internationalisation de l'économie et au défi des nouvelles technologies. Malgré la perte continue d’emplois depuis 1975, l'industrie comtoise offre aujourd'hui un visage rénové, mais conserve encore une certaine fragilité.
Le nord de la région est marqué par la présence de grandes entreprises qui ont dû se restructurer. Le centre de production Peugeot de Sochaux, qui était en 1979 le plus grand établissement industriel européen (avec plus de 40 000 salariés), compte au début des années 2010 moins de 11 000 salariés, mais est devenu l'un des sites de production automobile les plus modernes d'Europe. Entouré de tout un réseau de sous-traitants et d'équipementiers, il continue à être l'acteur économique dominant du pays de Montbéliard. Le Territoire de Belfort a effectué sa reconversion à la suite de la fermeture de l’usine Bull dans les années 1990 ; son économie repose sur des géants de l’énergie, Alstom (pour le T.G.V.) et General Electric (constructions électromagnétiques).
Ailleurs, un certain nombre de bassins industriels peuvent être plus ou moins assimilés à des systèmes productifs localisés (S.P.L.). Il s'agit de districts très spécialisés et territorialisés, constitués d'entreprises petites ou moyennes, censées entretenir des relations partenariales et employant une main-d'œuvre à haute qualification et forte identité. L'horlogerie de Besançon et du haut Doubs, de plus en plus relayée par les microtechniques, la lunetterie de Morez, la fabrication de jouets dans le sud du Jura, la plasturgie dans la région de Saint-Claude, l'industrie des panneaux et du meuble dans le nord de la Haute-Saône, la tabletterie-tournerie près de Moirans-en-Montagne constituent les principaux d'entre eux. Ils s'orientent résolument vers l'internationalisation, le design, la recherche technologique, et aussi parfois les délocalisations.
Diverses activités industrielles enrichissent ce tableau, certaines déjà anciennes, comme la chimie près de Dole (Solvay), le découpage à Besançon et à Servance, l'agroalimentaire avec les fromageries et les charcuteries-salaisons (saucisses de Morteau et de Montbéliard, jambon de Luxeuil, etc.), d'autres plus récentes, comme le traitement de surface.[...]
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Serge ORMAUX : professeur des Universités
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