FRANCHE-COMTÉ
Histoire de la Franche-Comté
Si le terme de Franche-Comté n'apparaît dans les textes qu'en 1336, la réalité d'une entité politique intermédiaire entre la France et la Germanie est plus ancienne.
La Franche-Comté a pris la succession de la province des Séquanes, la Maxima Sequanorum, mentionnée pour la première fois par César dans La Guerre des Gaules (I, 38-39). Sa capitale, Vesontio (Besançon), devint le siège d'un gouvernement militaire, puis d'une métropole religieuse, d'où le christianisme se répandit dans toute la région, après le martyre de saint Ferréol et de saint Ferjeux, au iiie siècle, selon la tradition. Envahie par les Burgondes, la province des Séquanes fut incorporée à leur royaume, entre le ve et le xie siècle, à travers de nombreuses vicissitudes. En 1032, le dernier roi de Bourgogne s'étant éteint, la future Franche-Comté revint à l'empereur Conrad II de Germanie.
Ce fut le début de la période germanique, qui se prolongea jusqu'au début du xive siècle. Sous l'autorité lointaine et peu effective de l'empereur, le pouvoir fut exercé par les comtes de Bourgogne, descendants d'Otte-Guillaume (986-1026). Ils se heurtèrent aux barons et seigneurs locaux qui s'arrogèrent les droits effectifs, sans que le mariage de l'héritière Béatrix avec Frédéric Barberousse, en 1156, y changeât quoi que ce soit. En outre, les autorités ecclésiastiques, qu'il s'agisse de l'archevêque de Besançon, dont le prestige avait été rehaussé depuis la nomination de Hugues de Salins (1031-1066), ou des nombreux monastères fondés par les Bénédictins, les Cisterciens ou les Chartreux, avaient réussi à s'emparer d'une partie des pouvoirs. Enfin, à partir du xiiie siècle apparaît un mouvement d'émancipation communale, soutenu par certaines grandes familles, comme celle des Chalon.
L'extinction de la branche des comtes directs fit entrer le comté dans l'orbite de la France, en l'associant à la Bourgogne ducale. Jeanne de France, petite-fille du dernier comte, Otton IV (mort en 1303), et fille de Philippe V et de Jeanne de Bourgogne, épousa, en 1318, le duc de Bourgogne, Eudes IV. Dès lors s'ouvre la période bourguignonne, qui se prolongera jusqu'en 1493. L'influence française se fait sentir dans les institutions nouvelles dont est doté le comté : un conseil exécutif, un parlement, corps surtout judiciaire, des États, réunis depuis 1389 à intervalles plus ou moins réguliers pour satisfaire aux besoins financiers du duc, une université à l'existence intermittente. Tous ces corps siègent à Dole, capitale du comté, tandis que Besançon, ville libre, en est la capitale religieuse. Toujours à l'image de la France sont créés trois bailliages, celui d'Amont (Gray), celui d'Aval (Salins), celui du Milieu (Dole). En dépit d'escarmouches avec la noblesse locale, qui dut accepter de se soumettre, en dépit de conflits, dont le plus sanglant fut celui qui opposa le duc aux Écorcheurs (1437-1445), la période bourguignonne favorisa l'essor économique : apparition de papeteries et de forges le long des rivières, développement du port de Gray, sécurité sur les routes où circulaient les convois de sel (Salins, Lons-le-Saunier) et de vin (Arbois), embellissement des villes dont témoignent des églises comme Saint-Anatole de Salins, Saint-Just d'Arbois et la collégiale de Dole.
Après la mort de Charles le Téméraire (1477) et les vains efforts de Louis XI pour se saisir du comté, le traité de Senlis (1493) le donna aux Habsbourg qui le conservèrent jusqu'au traité de Nimègue (1678). À la mort de Charles Quint, la Franche-Comté passa dans l'héritage espagnol et fut gouvernée de Bruxelles. Malgré la lourdeur de la bureaucratie, l'éloignement de l'autorité donna un sentiment d'autonomie aux Comtois,[...]
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Serge ORMAUX : professeur des Universités
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