FUKUYAMA FRANCIS (1952- )
Le politologue américain Francis Fukuyama est né le 27 octobre 1952 à Chicago (Illinois). Après avoir fait ses humanités à l'université Cornell, il étudie les sciences politiques à Harvard où il obtient son doctorat en 1981. En 1979, il entame une longue collaboration avec l'organisation de recherche Rand Corporation à Santa Monica puis à Washington. En 1981-1982, il prend part à l'élaboration de la politique étrangère du Département d'État, en tant que spécialiste du Moyen-Orient, et participe à une conférence égypto-israélienne sur l'autonomie palestinienne. En 1987, il coédite The Soviet Union and the Third World : The Last ThreeDecades ; deux ans plus tard, il rejoint le Département d'État où il se consacre plus particulièrement à la politique européenne et aux questions militaires. Il enseigne à l'université George Mason de Fairfax (Virginie) de 1996 à 2001 puis à l'École des hautes études internationales de la Johns Hopkins University.
La première œuvre majeure de Fukuyama, La Fin de l'histoire et le dernier homme (1992), connaît un succès mondial et figure parmi les meilleures ventes aux États-Unis, en France, au Japon et au Chili. Il y soutient une thèse exposée d'abord dans un article en 1989 alors que le communisme s'effondrait en Europe de l'Est. Le modèle occidental de démocratie libérale ne serait pas seulement le vainqueur de la guerre froide mais constituerait également le stade idéologique ultime dans la longue marche de l'histoire. Il suscite de nombreux contradicteurs, dont Samuel P. Huntington, qui annonce dans The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996), de violentes batailles culturelles qui feraient voler en éclats, selon lui, la théorie alors dominante selon laquelle la démocratie libérale serait le seul idéal politique ; les attaques terroristes du 11 septembre 2001 démontreraient que le fondamentalisme islamique constituerait un véritable danger pour l'hégémonie occidentale. Fukuyama assimile ces attaques à de « simples actions d'arrière-garde » contre une mondialisation à ses yeux inéluctable.
Fukuyama prolonge et complète ses analyses dans Trust : The Social Virtues and the Creation of Prosperity (1995 ; La Confiance et la puissance, 1997), qui connut un grand succès dans le monde des affaires, dans Great Disruption (1999 ; Le Grand Bouleversement : la nature humaine et la reconstruction de l'ordre social 2003), et dans Our Posthuman Future (2002 ; La Fin de l'homme. Les conséquences de la révolution biotechnique, 2004) où il donne une image conservatrice de la société américaine dans la seconde moitié du xxe siècle. Les critiques ont reproché à ces ouvrages de fournir des explications trop rationnelles à des mutations mondiales éminemment complexes, ce qui n'a pas empêché Fukuyama de connaître auprès du public un succès grandissant.
En 2005, il fonde le magazine The American Interest, qui cherche à « expliquer l’Amérique au monde et le monde aux Américains ».
Longtemps considéré comme une figure majeure du néoconservatisme, Fukuyama s’en éloigne par la suite. Dans America at the Crossroads : Democracy, Power, and the NeoconservativeLegacy (D'où viennent les néoconservateurs ?, 2006), il critique les néoconservateurs et le président républicain George W. Bush pour la politique de son administration après les attentats du 11 septembre 2001. Lors de l’élection présidentielle de 2008, il soutient la candidature du démocrate Barack Obama. En 2016, après l'élection du républicain Donald Trump à la présidence américaine et la décision du Royaume-Uni de se retirer de l'Union européenne, Fukuyama affirme que le monde traverse une « récession démocratique ». Son ouvrage Liberalism and itsdiscontents (2022, Libéralisme : vents contraires, 2023) se[...]
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Écrit par
- Tom MICHAËL : rédacteur
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